Le rôle de l’accompagnateur spirituel
L’accompagnateur spirituel, prêtre, diacre, religieux, religieuse, laïc, chacun selon la grâce de son état et son expérience :
- il participe aux réunions de l’équipe. Son aide dans la préparation de la réunion est essentielle à sa bonne marche ; il l’opère dans la mesure de ses disponibilités ;
- lors des réunions, ses interventions aident les membres de l’équipe à repérer les signes de la présence de Dieu dans leur vie, à répondre à ses appels, à progresser dans l’intelligence de sa Parole ;
- il aidera les membres de l’équipe à trouver le chemin de l’Évangile à travers les expériences de ce monde et de ce temps, notamment dans les choix liés à la vie professionnelle, économique et sociale ;
- sa position de recul lui permet d’être attentif, dans la durée, aux attitudes de l’équipe (fraternité, écoute, respect, ouverture au monde) ;
- il aura à exercer une fonction de vigilance et d’éveil aux exigences sociales de la foi de l’Église (il se tiendra informé de l’enseignement social de l’Église) ;
- il peut apporter un soutien personnel du type conseil ou accompagnement à ceux qui le désireraient ou indiquer le nom de personnes compétentes en ce domaine ;
- il a le souci de la participation de l’équipe à la vie du Mouvement et à la vie de l’Église. En communion avec elle -lorsqu’il est prêtre- il peut célébrer l’Eucharistie en équipe, si celle-ci le désire.
Le profil de l’accompagnateur spirituel
L’environnement professionnel chaotique et souvent violent, le manque de repères fiables aussi bien que l’offre très accessible de diverses spiritualités ou philosophies, invite à chercher des accompagnateurs solides dans leur foi, doués de jugement, formés et exercés au discernement.
Être habité par l’Esprit
Malgré la diminution des effectifs et l’accroissement de leur charge pastorale, des prêtres, des religieux et religieuses, continuent d’être intéressés par l’accompagnement au MCC. C’est indispensable à la vitalité apostolique de ce Mouvement d’Église. Les accompagnateurs, laïcs ou non, ont une compétence reconnue dans tel domaine des sciences techniques, humaines ou religieuses. Mais c’est d’abord, grâce à la solidité de leur foi en Jésus-Christ, qu’ils aident les équipes à repérer les appels de l’Esprit et à y répondre. Qu’est-ce qui dynamise, donne la foi, transmet l’amour, crée du lien ? Qu’est-ce qui est signe d’un Royaume de Dieu déjà là ? A l’inverse, qu’est-ce qui engendre la dispersion, le fatalisme, le découragement, l’agitation stérile ? Dans nos situations de responsabilité, où sont les appels à travailler pour un Royaume de Dieu qui n’est pas encore là ? La démarche du MCC « Chemin d’Emmaüs » est alors précieuse pour exercer ce discernement.
Aimer le monde, à la manière de Jésus-Christ
Accompagner une équipe implique d’aimer le monde et les hommes, d’avoir plaisir à la diversité des points de vue et des sentiments. Ce goût de vivre et de s’engager, au nom de sa foi en un Dieu qui s’est fait homme, est essentiel pour sortir de la morosité et de l’enfermement où peuvent nous confiner un activisme dispersant et la seule production de biens et de services. Il s’acquiert dans la prière, le retour sur sa vie et la remise qu’on en fait à Dieu pour y trouver les traces de sa présence.
Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps (Mt 28,20).
Si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas à vous ; si au contraire je pars, je vous l’enverrai »(Jn 16,7). Ces deux versets nous donnent une confiance et une liberté pour dépasser des situations de mort et inventer des chemins d’humanité.
Il en va de l’avenir de la foi chrétienne et du sens de l’Eglise dans le monde : loin d’être un havre de vérité et de salut dans un monde mauvais, l’Eglise est plutôt cette part d’humanité croyante qui chemine avec lui, en son sein, comme Jésus en Galilée. Elle s’appuie sur sa tradition scripturaire, sacramentelle, institutionnelle pour chercher ce qui est bon pour l’homme et le monde (dans le domaine du travail en particulier, pour ce qui concerne le MCC). Elle révèle ainsi la bonne nouvelle du Ressuscité.
Donner le goût du mouvement
Accompagner, c’est aussi donner envie de réfléchir ensemble aux questions soulevées par nos responsabilités, alors même que les soucis, les déceptions ou les peurs nous séparent les uns des autres.
C’est pourquoi « faire mouvement » ensemble suppose de « faire mouvement » intérieurement, de chercher à s’unifier personnellement. C’est tout le profit humain et spirituel de la vie en équipe. La vie du Mouvement (au niveau du secteur, de la région, du bureau national) mobilise intérieurement. Cette mise en mouvement personnelle nourrit le Mouvement plus largement. La vitalité de la foi et celle de l’Eglise en sont bénéficiaires. S’en tenir à un seul aspect réduit la vie de l’Esprit, au plan personnel comme au plan ecclésial. Les accompagnateurs doivent être attentifs à cet aspect communautaire de la vie du Mouvement.
Tout cela ne relève pas uniquement du charisme, ni même de l’expérience personnelle. L’accompagnement d’équipes s’adresse à des personnes formées, en particulier sur le plan spirituel. Elles doivent savoir écouter – cela s’apprend aujourd’hui – mais aussi entendre les joies, les questions et les appels qui traversent et lient l’équipe, pour la relancer dans sa motivation et sa foi.
L’accompagnateur spirituel est le témoin privilégié dans la vie de l’Église
Ce que partagent les hommes et les femmes dans ce Mouvement chrétien témoigne de l’Evangile et réalise une petite part de la présence du Ressuscité dans le monde, spécialement dans le champ des responsabilités professionnelles et sociales. Ce qui se vit dans ce domaine a besoin d’être porté à la connaissance de l’Eglise. Cela peut l’aider à repérer des forces plus larges qui travaillent la société et qui influencent la vie de ses membres. Ce double questionnement souligne la force du lien qui unit le MCC à l’Eglise. Le MCC ne peut se passer d’accompagnateurs fortement intégrés dans la vie diocésaine et dans les articulations actuelles de l’Eglise : paroisses, services, mouvements.
Qui appeler pour accompagner?
Qui sont les accompagnateurs aujourd’hui ? Les statistiques, qui remontent à deux ans, font état de sept cents équipes accompagnées par six cents accompagnateurs se répartissant en une soixantaine de laïcs, une dizaine de religieuses (dont deux coordonnent des aumôneries de région), une dizaine de diacres permanents (dont un aumônier de région et un de secteur), une centaine de religieux (prêtres pour la plupart), plus de quatre cents prêtres diocésains (dont la plupart des aumôniers de secteurs et de régions). Très nombreux parmi eux, sont ceux qui occupent des charges importantes dans leurs diocèses ou qui enseignent en séminaire.
Cet aperçu ne doit pas tromper : s’il demeure vrai que beaucoup de prêtres trouvent un intérêt personnel et pastoral à rejoindre le MCC, leur disponibilité diminue. Dans certains diocèses, l’évêque ne peut plus nommer d’aumônier.
De plus, l’orientation actuelle de l’Eglise sur la dimension spirituelle et formatrice de la foi dessert les mouvements qui sont davantage présents dans les rouages de la société.
Les personnes à appeler prioritairement pour l’accompagnement sont :
- Les laïcs, parce qu’ils sont invités à prendre leur part de la dimension spirituelle de leur engagement chrétien dans la société (et non d’abord pour des raisons de nombre).
- Les diacres permanents, dont la mission comporte souvent une attention privilégiée au milieu socio-professionnel auquel ils appartiennent.
- Les jeunes prêtres et religieux apostoliques : nombre d’entre eux ont souvent eu tout ou partie d’une formation de cadres ou de responsables. Beaucoup sont aussi intéressés par les situations de la vie économique et les questions qu’elle pose. Au plan pastoral, l’accompagnement d’une équipe peut être une excellente école pour l’exercice de ministères davantage basés sur l’écoute, le discernement et la conversation.
Enfin, nous sommes conviés à inventer des formes et des manières d’accompagner, car le modèle d’une équipe accompagnée par un prêtre est de plus en plus improbable. Rien n’empêche de vivre un accompagnement laïque, et de demander, sur une question précise, la présence d’un prêtre, d’un théologien ou d’un responsable diocésain, quitte même à regrouper quelques équipes, ce soir-là.
Qui appelle à l’accompagnement ?
Chaque équipe reçoit du Mouvement un accompagnateur (qui peut être prêtre, religieux–se, laïc) désigné par l’aumônier ou l’accompagnateur de secteur lui-même nommé par l’évêque du lieu(1). Ce point est important : c’est le Mouvement, en général l’aumônier de secteur (c’est-à-dire du diocèse), lui-même nommé par l’évêque, en accord avec les responsables de secteur et l’aumônier de la région, qui donne un accompagnateur pour cheminer avec une équipe. Eventuellement, il confirme l’accompagnateur dans sa mission auprès d’une équipe, après s’être assuré de sa connaissance du MCC et des principaux documents du Mouvement, voire aussi, si besoin est, d’une formation pouvant l’aider dans sa tâche.
Ce n’est donc ni l’équipe qui se donne un accompagnateur de son choix, ni un prêtre qui décide de « faire du MCC » avec un groupe de laïcs qu’il a en charge. Il est essentiel qu’une équipe qui se crée, même dans un lieu isolé, soit en lien avec le Mouvement et avec l’Eglise locale.
Former à l’accompagnement est une nécessité
L’accompagnement est certes un charisme – des personnes peuvent développer naturellement une pratique de l’écoute et de la compréhension des autres – mais ce talent a besoin d’être cultivé. L’accompagnement dans la foi et l’aide au discernement personnel et en groupe ne s’improvisent pas. Ils s’acquièrent par une formation sérieuse et reconnue.
Une telle formation, doit pouvoir se faire en région ou inter-régionalement. Il existe d’assez nombreuses possibilités :
L’accompagnement fait partie du programme de formation de certains diocèses, ainsi que de centres spirituels ou de séminaires. Ces formations sont toutefois inégales dans leur contenu et leur visée.
Dans diverses villes de France, des jésuites, des religieuses et des laïcs de spiritualité ingnatienne proposent des formations au discernement et à l’accompagnement personnel ou de groupe : ainsi à Toulouse, Rouen, Grenoble, Lille (Hautmont).
Sur ces questions d’accompagnement spirituel, il convient aussi de « faire mouvement » et de mettre en commun les expériences et les initiatives. Les structures ecclésiales qui ont eu cours jusqu’ici pour l’animation et l’accompagnement du Mouvement ne suffisent plus. Être chrétien aujourd’hui, ce n’est plus simplement être un fidèle mettant en pratique sa foi là où il vit, avec l’aide d’un Mouvement apostolique ou spirituel. C’est être un témoin de Jésus-Christ, en relisant et orientant sa vie avec d’autres, pour contribuer à l’édification d’une Église vivante.
C’est la vitalité du Mouvement, sa pertinence pour la foi de chacun et pour notre environnement social et ecclésial, qui donnera envie à d’autres de nous rejoindre, comme membres ou comme accompagnateurs.