Et si c’était votre roman de l’été ? Écrit par Milena Michiko Flašar, jeune romancière autrichienne de mère japonaise, dans un style clair, concis et plein d’humanité, il tient du conte philosophique moderne. S’il aborde la société japonaise actuelle avec ses problèmes socio-économiques propres, il peut être transposé à nos sociétés européennes…
Ohara Testu est ce qu’on appelle au Japon un « salaryman », c’est-à-dire un employé modèle. Depuis quelque temps, il est au chômage mais n’ose l’avouer à sa femme. Son entreprise pour laquelle il a toujours été dévoué, ne le trouve plus assez dynamique, voire trop vieux : licencié ! Tous les matins, il part de chez lui en apportant son bento (repas en boîte) amoureusement préparé par son épouse. Il prend le train, s’assied sur le même banc d’un square à proximité de son ancien travail.
Taguchi Hiro est de son côté un « Hikikomori » de 20 ans, c’est-à-dire un jeune qui ne sort plus de chez lui depuis près de 2 ans, mal générationnel au Japon. Il faut dire qu’il a vécu un drame personnel, le suicide devant ses yeux de son meilleur ami… Celui-ci comme tous les jeunes de son âge subissait la pression de ses parents qui souhaitaient la réussite professionnelle de leur fils dans un métier stable et rémunérateur.
Un beau jour, en regardant par la fenêtre, Taguchi Hiro remarque Ohara Testu sur son banc. Il se décide alors à sortir de chez lui et s’installe à ses côtés. Ohara deviendra pour lui « l’homme à la cravate ». Ils vont progressivement s’apprivoiser et échanger sur leur vie et leurs blessures personnelles. Rebondissements assurés sur la fin, on frôle le fantastique !
À noter que ce livre a gagné le « Prix de l’Europe », prix décerné par un jury d’adhérents de la médiathèque de Bussy-Saint-Georges (Seine et Marne) et de lecteurs des bibliothèques de Meiningen (Allemagne) et de Radcliffe-on-Trent (Grande-Bretagne).
Odile Favriau
La cravate, Milena Michiko Flašar
Éditions de l’Olivier, 166 pages – 18,50 €