Le parcours de Pierre de Charentenay, jésuite, dans les institutions européennes, à Rome, aux Philippines, comme rédacteur en chef de la revue Études, lui confère l’autorité nécessaire pour nous donner aujourd’hui ce livre sur la démocratie et les dangers qui la menacent. Dépassant les constats lucides, il propose des pistes pour sa refondation.
Pour l’auteur, ce qui est central dans la démocratie, ce n’est pas simplement les règles sur l’organisation des pouvoirs, qui peuvent être très diverses selon les cultures, c’est aussi et surtout un esprit. La démocratie n’est ainsi jamais acquise, elle est à vivre et à réinventer.
Les dangers et les déviances qui mettent en péril le fragile équilibre de la démocratie sont analysés de façon très complète : l’exacerbation de la liberté individuelle, la mondialisation et son envers, le repli sur le clan, les réseaux sociaux et leur pression pour l’immédiateté, l’abandon des références idéologiques et religieuses qui contribuaient à l’unité de chaque peuple, l’impact spécifique du radicalisme islamique… Il ajoute même la pression démographique qui crée des tensions multiples au plan mondial, qui, à leur tour, menacent la démocratie.
Toutes ces évolutions ne peuvent pas être évitées. Ce sont donc des points d’appui d’autres natures qui, pour Pierre de Charentenay, peuvent sauver la démocratie. Il en cite six : la moralisation de la vie politique, avec la pédagogie qui doit l’accompagner ; une Europe de projets, sachant écouter les citoyens ; la défense des identités collectives et de leur riche diversité ; la solidarité de proximité, complément indispensable de l’action publique ; et enfin, une laïcité bien ordonnée. On notera particulièrement ce dernier point dans le livre d’un homme d’Église.
Arnaud Laudenbach