« Réconcilier le travail, le management et la démocratie », le sous-titre du livre en résume bien l’esprit, même si dans le titre lui-même, le mot « communs » est aussi essentiel. Pierre-Olivier Monteil, docteur en philosophie politique, est enseignant chercheur en éthique à Paris-Dauphine et associé au Fonds Ricoeur, l’un des philosophes qu’il cite le plus dans son livre.
L’auteur développe son travail sur la relation entre les salariés et le manager, en tenant compte de toutes les facettes de l’environnement de l’équipe de travail, celui de l’entreprise, mais aussi du monde extérieur et même celui de la cité. Son horizon est de voir comment le travail peut et doit contribuer à l’humanisation du salarié.
S’appuyant sur de nombreuses études et références, il pointe du doigt les déviances du néo-management et leurs méfaits, certains bien connus. Le plus intéressant est qu’il ne cherche pas à apporter des solutions, mais qu’il amène lentement le lecteur à analyser toutes les composantes du travail où les choses se jouent.
Dans la production elle-même, parlera-t-on d’agir ou simplement d’exécuter ? Favorisera-t-on l’éveil des capacités ? Le travail sera-t-il une invitation à l’estime de soi, par la valorisation du métier ?
Dans le travail, la dimension collective est toujours présente, même en filigrane. Pierre-Olivier Monteil revisite les notions de pouvoir et d’autorité qui doivent se combiner. Quelles sont les conditions pour qu’une décision soit acceptée par un groupe qui a aussi un pouvoir invisible, mais qui doit être reconnu ? Comment articuler pouvoir vertical et pouvoir horizontal ?
La troisième dimension du travail qu’aborde le livre est l’innovation, occasion d’élargir la réflexion à de nombreux thèmes, comme la rationalité, la confiance et même la relation au passé dont on hérite et au futur laissé aux successeurs.
Il faut prendre son temps pour lire ce livre riche, nuancé, qui combine approche philosophique et application concrète.
Arnaud Laudenbach