« Passeurs d’avenir » … L’histoire du Salut – pas seulement l’histoire sainte mais l’histoire du monde dans laquelle Dieu fait œuvre de Salut – n’est en fait qu’une succession de transitions, plus ou moins importantes, dans lesquelles se sont tenus des « passeurs d’avenir », c’est-à-dire des hommes et des femmes qui ont su faire de ces transitions des opportunités pour plus de vie, pour que l’humanité devienne plus « humaine »…
Jésus ouvre la grande tradition du Peuple d’Israël pour montrer aux pèlerins d’Emmaüs que l’événement central de sa mort et de sa résurrection avait été préparé, annoncé et que sa mort, qui les a traumatisés, tétanisés, est à comprendre dans l’épaisseur de la fidélité de Dieu à son peuple dont l’histoire n’a jamais été un long fleuve tranquille. Ces mois de préparation d’ici votre Congrès de Nantes en septembre 2022 doivent être l’occasion, pour votre mouvement, de porter un regard de foi sur notre monde, de repérer comment la vie du Christ ressuscité agit au cœur des hommes de bonne volonté. Engagement pour le climat, pour de nouveaux modes de vie dans la ligne de Laudato si’, pour le respect de la vie humaine, pour une nouvelle donne économique plus respectueuse de notre maison commune et des hommes et des femmes qui y vivent… Il y a tant d’énergie qui se déploie pour que ces transitions ne soient pas des fatalités mais des opportunités !
C’est dans cette lecture croyante des transitions que notre monde connaît que nous pouvons faire l’expérience d’Emmaüs : « Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent ». Le Christ ressuscité n’a pas déserté, il est bien ce compagnon d’humanité qui, par son Esprit, à travers les secousses de l’histoire, construit son Royaume. Et, comme les pèlerins d’Emmaüs, nous voilà invités à « nous lever et à retourner à Jérusalem ». Les disciples retournent sur « les lieux du crime » pour témoigner de la vie plus forte que la mort. Nous voilà donc appelés, au nom de cette espérance, à nous investir au cœur même de ces transitions pour y annoncer que l’avenir est ouvert, ouvert à l’espérance. C’est bien la mission d’un mouvement tel que le vôtre, avec toute l’Église et en Église : « Être un passeur d’avenir ».
+ Laurent Percerou, évêque de Nantes