Nous rêvions de printemps à venir et de fin de crise sanitaire. Avec l’invasion de l’Ukraine et la guerre, la fragilité de l’œuvre de paix se rappelle tragiquement à nous. Une forme brutale d’entrée en désert… Car l’Église, elle, nous parle de Carême, et nous demande de nous convertir. Cultiverait-elle les contretemps ? Pour quoi faire ?
« Au moment favorable je t’ai exaucé, au jour du salut je t’ai secouru. Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut » (2 Co 6, 2). Quand Paul écrit aux Corinthiens, il cite le prophète Isaïe. De la même façon que le prophète appelait les rescapés d’Israël à se réjouir d’un futur retour à Jérusalem, Paul exhorte les nouveaux convertis à se laisser réconcilier avec le Christ et à abandonner leurs pratiques païennes.
Dans Un temps pour changer (Flammarion, 2020), le pape François nous invite à lire les signes des temps. D’une manière très personnelle, il nous partage son discernement du moment présent. Ce sont les Indiens d’Amazonie qui lui ont fait comprendre la profondeur de la crise climatique, et les « cartoneros » (ou chiffonniers dont l’activité de récupération est souvent informelle) d’Argentine, le non-sens d’une culture de déchets. Pour le pape, la pandémie nous fait expérimenter notre fragilité collective et notre interdépendance.
Comme chaque année, le Carême nous invite à changer de vie. Le prêtre qui nous imposera les cendres sur le front nous dira : « Convertis toi et crois à l’Évangile ». En 2022, il s’agit d’abandonner nos vieilles habitudes qui polluent la planète et rendent la vie difficile aux plus pauvres. D‘accueillir ce que l’Esprit dit à l’Église en général et au MCC en particulier.
La collaboration des mouvements d’Action catholique à la préparation du synode sur la synodalité me paraît un moment à ne pas manquer. En les accueillants chaleureusement à Rome le 13 janvier dernier, le pape François a montré combien il comptait sur eux. Après le rapport de la Ciase, les catholiques sont en colère. Il s’agit de transformer cette force en action, dans notre vie professionnelle, associative et aussi dans notre quotidien. C’est ce que nous propose le MCC à l’occasion du Congrès de Nantes : « Passeurs d’avenir, tous au travail ! ». Cette belle fête de famille peut être l’occasion de nous retrouver en vrai et de mettre le mouvement en synodalité.
Bon Carême à chacun et à chacune ! Prions pour la paix !
Bertrand Hériard, aumônier national