Le jour du dépassement calculé par le Global Footprint Network est arrivé en 2020 le 22 août. A cette date, l’humanité a déjà consommé les ressources que la nature peut renouveler en un an. Nous vivons à crédit pour le reste de l’année. Cette situation se dégrade d’une année sur l’autre à l’exception précisément de l’année 2020, où nous avons gagné trois semaines par rapport à 2019 en raison d’une contraction de l’empreinte écologique mondiale de 9,3% liée à la pandémie de la Covid-19. Par ailleurs, depuis plusieurs décennies déjà, nos émissions de gaz à effet de serre ont été plus importantes que ce que les océans et les forêts peuvent absorber en un an.
Même si le calcul du jour du dépassement est l’objet de critiques sur le plan méthodologique (comparabilité des intrants, etc…), il a le mérite de pointer un enjeu majeur pour l’humanité, celui de l’épuisement de nos ressources. Pour relever le défi du climat et de la biodiversité, il est nécessaire de rompre individuellement et collectivement avec une attitude de laisser-faire et d’agir pour le relever au quotidien en modifiant nos modèles économiques et donc nos habitudes de consommation avec la mise en place par exemple d’une économie circulaire.
L’encyclique Laudato si souligne que « la destruction de l’environnement humain est très grave, parce que non seulement Dieu a confié le monde à l’être humain, mais encore la vie de celui-ci est un don qui doit être protégé et d’améliorer le monde suppose de profonds changements dans les styles de vie, les modèles de production et de consommation, les structures de pouvoir établies qui régissent aujourd’hui les sociétés » (LS n°5). Nos actions au quotidien ne doivent pas être envisagées de manière isolée, mais comment relevant d’un changement de style de vie nécessaire avec l’abandon de la primauté de la « raison technique » et du « mécanisme consumériste compulsif » créé par le marché pour placer ses produits, conduisant à « une spirale d’achats et de dépenses inutiles » (LS n°203). Cette démarche va de pair avec la transition vers une « spiritualité écologique » dans une « sobriété heureuse » libératrice et dans l’humilité (LS, n°223 et 224).
« Comprendre » : nos actions individuelles et celles des entreprises en lien avec l’économie circulaire peuvent-elles changer la donne ?
Selon l’ADEME, l’économie circulaire peut se définir comme un système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits (biens et services), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement tout en développant le bien être des individus.
Une étude de Carbone 4 (2019) montre que les actions individuelles pour réduire les émissions de gaz à effet de serre avec un objectif de 2°C sont indispensables, même si elles ne sont pas suffisantes pour inverser à elles seules la tendance. L’impact global (y compris l’économie circulaire) des gestes individuels exigeants/radicaux serait une baisse des émissions de l’ordre de 25%. Ainsi, nos actions de consommation de biens produits selon une logique d’économie circulaire sont nécessaires.
L’action des entreprises est donc importante pour la réalisation de l’objectif de 2°C. L’étude ZEN 2050 d’EPE montre que la neutralité carbone en 2050 est possible. “Cette transition est une révolution, car il s’agit de réduire les émissions de plus de 4% par an pendant les 30 prochaines années”. Les entreprises doivent transformer leur offre, innover et investir fortement dans un contexte où les solutions évoluent et où la concurrence sera renouvelée et forte.
Tout est lié. Les thématiques environnementales interagissent entre elles. Notre environnement s’inscrit dans les interrelations entre l’humanité (individus et sociétés) et la nature et dans la Création qui est l’œuvre de Dieu. Nos actions doivent donc avoir un impact important. Face à l’urgence climatique, selon la légende du colibri, chacun doit faire sa part, les personnes et les entreprises.
« Espérer » vers de nouveaux modèles économiques, vers un changement de style de vie
Dans son rapport ZEN 2050, EPE propose d’encourager les investissements bas carbone (dont l’économie circulaire) par des dispositifs appropriés : aides à la conversion industrielle et sociale, à l’innovation, prévention de fuites de carbone, réductions de risque, etc.
Impliqué dans la transition énergétique des territoires, GrDF participe au développement de l’économie circulaire en créant une filière biométhane.par le traitement de déchets ou de boues de stations d’épuration, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.
L’entreprise sociale française The Plastic Flamingo collecte des déchets plastiques aux Philippines, notamment les emballages à usage unique, pour les transformer en matériaux de construction pour la fabrication d’abris d’urgence post-catastrophe.
Récompensée par le prix économie circulaire du Forum économique mondial en 2017, l’entreprise Patagonia a mis en place un modèle commercial circulaire basé sur la fabrication de produits de qualité et incite ses clients à prolonger le plus possible la durée de vie de leurs produits, encourageant le recyclage et la réparation.
Cet exemple montre qu’il est possible de s’engager dans une démarche de transition de nos modèles économiques, impliquant un changement de style de vie.
Le changement de style de vie suppose une transition vers une spiritualité écologique dans l’esprit de l’encyclique Laudato Si’.
« Agir » je m’engage pour une « sobriété heureuse »
- Que puis-je faire au quotidien pour la transition vers de nouveaux modèles économiques ?
- Quelles propositions puis-je faire au sein de mon entreprise?
- Comment modifier mes habitudes de consommation?
- Quels jalons mettre en place pour le réveil d’une spiritualité écologique liée à mon changement de style de vie ?