Ce titre est très évocateur. Dans une société de la compétition où tout est calculé, on ne compte les pauvres que pour faire des économies. Dans « une culture de déchets » (Laudato Si’, 16), on ne compte plus sur eux. Pire, on continue à les humilier comme chômeurs ou sans papier. Et pourtant, le Dieu révélé en Jésus-Christ se trouve au milieu d’eux.

Étienne Grieu explore ce véritable lieu théologique en relisant les évangiles avec eux. Le livre présente des travaux théologiques récents entrepris à partir de la parole des pauvres, rendus visibles dans l’Église par le rassemblement Diaconia 2013. À travers le cri des pauvres, Dieu nous révèle son vrai visage. Que resterait-il des évangiles si on enlevait les suppliants ? Et pourquoi, les évangélistes présentent les premiers disciples comme des boiteux de la foi ? Le chapitre 25 de Saint-Mathieu leur ouvre pourtant un chemin de foi : « Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » L’auteur nous fait découvrir comment Dieu se révèle en relisant la passion à l’écoute des très pauvres. Le fait que Jésus tombe trois fois est très concret pour eux. Le fait qu’Il se relève et soit glorifié par son Père en fait des témoins privilégiés de sa résurrection.

Un très beau livre à méditer pendant les vacances.

Bertrand Hériard, aumônier national

Le Dieu qui ne compte pas, à l’écoute des humiliés et des boiteux, Étienne Grieu, Salvatore, forum, 207 pages, 20 €.