Bac en poche, c’est à 17 ans que Matthieu part tenter une expérience communautaire dans un kibboutz, délaissant la voie plus valorisée que sa famille souhaite pour lui. Français, il ne veut pas suivre un itinéraire classique, rejette l’Église dans laquelle il a été élevé parce qu’il n’accepte pas « l’hypocrisie de certains de ses membres » ; n’est-il pas aussi curieux de l’histoire d’un grand-père juif dont il entendra parler bien plus tard ? Après des études de philo, il s’installe en Angleterre avec sa première famille et « entre en psychiatrie » pour la faire vivre, en devenant infirmier puis psychothérapeute. Sans très bien comprendre dans quoi il s’engage, il commence à 28 ans un master « dynamique de groupe » et découvre un métier qui lui était complètement étranger. Il suit alors un maître rencontré en Angleterre « avec une vraie naïveté ». Au cours de ces deux années, il rencontre, lors d’une formation en Belgique, Silvia, une Italienne diplômée en économie de l’université de Bologne, très attirée aussi par les métiers consulting. Au fil des mois se noue une double relation, amoureuse et professionnelle. En 2002 ils s’installent en France, effectuant des carrières parallèles, tout en créant Nexus en 2005, cabinet de conseil et d’accompagnement du changement spécialisé dans interculturel. « Notre premier dossier commun nous a été confié par KPMG et portait sur la mixité homme-femme dans le travail ».
En 2008 Matthieu découvre le monde des congrégations en répondant à une demande pour la préparation d’un chapitre (ou assemblée de communauté) en France. Le bouche-à-oreille le met en contact avec d’autres, soumises au défi de la déchristianisation et qui lui font la même demande. Les méthodes évoluent quand il s’approprie le « processus U » inventé par le consultant américain Otto Scharmer, qui permet de pratiquer la maïeutique : le consultant n’impose rien, il chemine avec les groupes dans leur élaboration de leur solution. Pour lui, les consultations sont « génératives » et font cheminer si elles sont bien construites, à l’écoute de ce que l’autre peut apporter de différent. En sort un livre « Un consultant chez les religieuses ».
Mari et femme découvrent, chacun à sa manière, la métamorphose de celui qui se dépouille « jusqu’au fond du U » pour s’ouvrir à une nouvelle vie en Dieu. Matthieu prend conscience que la question de la relation entre l’homme et Dieu ne passe pas forcément par l’Église, tandis que Silvia, très éloignée de la religion, expérimente aussi cette forme de dépouillement ou kénose. Accompagnant des religieuses roumaines confrontées au défi de laisser leur héritage à des laïcs athées, elle « ressent que quelque chose de lumineux la traverse », qu’elle ose appeler l’Esprit. Ils sont prêts à rejoindre la spiritualité ignatienne qui les touche et leur fait vivre une conversion authentique qui les amène à accompagner le MCC dans sa démarche synodale, comme c’est déjà le cas avec la Conférence des évêques de France. Ils seront présentés au mouvement lors du Conseil national des 21 et 22 mai.
Solange de Coussemaker, comité de rédaction