Les élections de mi-mandat, les midterms, sont toujours une épreuve pour le président des États-Unis. Celles qui se dérouleront le 8 novembre prochain revêtiront une importance particulière, non seulement pour le pays mais aussi pour l’Europe.
Le scrutin porte en effet sur le renouvellement de la totalité du Congrès et d’un tiers du Sénat mais il comporte aussi de nombreux votes au niveau des États incluant des élections de gouverneurs ainsi que des assemblées locales.
L’examen des sondages ne peut que préoccuper le président Biden et son parti démocrate. La cote du président est très médiocre. En moyenne, 42 % d’opinions favorables contre 53 % d’opinions négatives. Par ailleurs, les études montrent que le souci majeur des électeurs est l’inflation, qui atteint près de 10 % et la baisse du pouvoir d’achat qui en résulte, des données dont la plupart des électeurs attribue la responsabilité au pouvoir et donc aux démocrates.
Les démocrates espéraient que ces facteurs négatifs seraient au moins en partie compensés par les répercussions de l’arrêt Dobbs de la Cour Suprême mettant un terme au droit à l’avortement et chargeant les États de légiférer sur ce sujet. Il est vrai que cette décision a été mal accueillie par l’opinion. 65 % des Américains sont pour le maintien du droit de recourir à l’avortement, le « pro-choice », et l’électorat féminin a clairement manifesté son soutien à ce maintien. Toutefois, les plus récents sondages montrent que l’impact sur les votes est faible tant l’économie prédomine dans les motivations de vote.
Dans ces conditions, il apparaît certain que le parti démocrate perdra sa faible majorité à la Chambre des représentants et risque aussi de perdre le Sénat où il ne dispose aujourd’hui que de 50 sièges sur 100.
Compte tenu de l’hostilité totale des républicains au président Biden, hostilité renforcée par la vindicte de Trump, toujours très influent sur son parti, il est aisé de prévoir que cette élection va déboucher sur deux années de paralysie du pouvoir qui ne pourra même pas faire adopter le budget.
Sur le plan international, l’arrivée au Congrès d’une centaine de nouveaux élus inconditionnels de Trump risque de compromettre le soutien à l’Ukraine de l’administration démocrate qui ne pourra pas faire adopter de nouveaux plans d’aide. L’Europe risque de voir l’Amérique s’éloigner à nouveau à un moment critique de son histoire.
Seules les présidentielles de 2024 permettront à la démocratie américaine de sortir de cette impasse.
Antoine de Tarlé, spécialiste des médias, auteur du livre Trump, le mensonge au pouvoir (Éditions de l’Atelier, 2020)