Mon Dieu, prenez moi par la main, je vous suivrai bravement, sans beaucoup de résistance.
Je ne me déroberai à aucun des orages qui fondront sur moi dans cette vie, je soutiendrai le choc avec le meilleur de mes forces.
Mais donnez-moi de temps à autre un court instant de paix, et je n’irai pas croire, dans mon innocence, que la paix qui descendra sur moi est éternelle. J’accepterai l’inquiétude et le combat qui suivront.
J’aime à m’attarder dans la chaleur et la sécurité, mais je ne me révolterai pas lorsqu’il faudra affronter le froid, pourvu que vous me guidiez la main.
Je vous suivrai partout et je tacherai de ne pas avoir peur. Où que je sois j’essaierai d’irradier un peu d’amour, de ce véritable amour du prochain qui est en moi.
Etty Hillesum, extrait de « Une vie bouleversée : Journal 1941-1943 », publié en France en 1985, Seuil