Cela f ait bientôt trois ans que Thomas de La Bigne est passé du confort d’un grand groupe industriel, PSA, à une très petite entreprise (TPE), Cooprex International, qui facilite la coopération des équipes autour d’un projet, pour augmenter la cohésion et l’unité : un changement complet, pour plus de sens et de joie au travail, qui a pris du temps. Il se confie à Responsables.
En 1993, j’ai 16 ans et à ce moment-là je n’ai qu’une envie : devenir pilote de chasse ! Mais en première, ma vue baisse brutalement et m’oblige à revoir mes plans. Comme beaucoup à cet âge, je ne sais pas ce que je vais faire. En terminale je me préinscris en prépa agro, et passe aussi des entretiens pour l’Université de technologie de Compiègne (UTC). La prépa répond en avril : je suis accepté mais une distraction me fait rater le coche de l’inscription…
Des études subies plus que choisies
L’UTC répond favorablement. J’y pars donc, de façon un peu subie. Les études, bien que de grande qualité, sont de ce fait un peu arides pour moi ; mais les découvertes à l’étranger et en stage, les amitiés profondes et l’aumônerie étudiante sont riches et exaltantes ; et c’est dans celle-ci que je rencontre Marie, ma femme… !
Dans ce contexte, se glissent six mois d’un cours passionnant animé par Gilles Le Cardinal, enseignant chercheur dont l’équipe a travaillé durant 25 ans sur la construction de la confiance et de la coopération : une révélation pour moi ! J’ai vraiment alors l’impression d’être dans mon élément, à tel point que je suis ses cours de DEA. Mais les choses en restent provisoirement là.
Début de carrière classique
Après deux années de coopération avec Fidesco en Guinée-Conakry, je débute une carrière « classique » d’ingénieur dans l’industrie : deux années dans une société de prestation, et en 2005, embauche chez PSA, à l’usine de Mulhouse. J’y passe huit ans, sur des fonctions de management opérationnel d’abord, puis de mise en place du lean manufacturing en logistique (démarche qui consiste à exploiter toutes les ressources de l’entreprise pour générer des solutions optimisées). Viennent ensuite cinq années en région parisienne, au siège industriel et en usine.
Or plus le temps passe, plus le sentiment de ne pas être à ma place me gagne et me donne l’impression que je me suis bel et bien trompé d’orientation. Par ailleurs, tout en souhaitant un changement, je redoute de perdre ma sécurité financière, charge de famille oblige…
Discerner pour changer
Depuis 2005 nous avançons avec la Communauté du Chemin neuf. J’ai régulièrement la possibilité de vivre des semaines d’Exercices spirituels ; j’y arrive avec le désir qu’enfin quelque chose change, qu’une indication claire me soit envoyée par le Seigneur pour me dire : « Tourne à droite ! », ou « Tourne à gauche ! », en tout cas « Tourne »… Mais rien ! Je continue, encouragé en particulier par ma femme, très confiante qu’un jour cela changerait…
Un dernier poste en usine, difficile, et une retraite en 2016, me persuadent que le temps est venu. En quelques mois, les évènements s’enchaînent ; certaines portes se ferment, mais d’autres s’ouvrent pour vivre un vrai pari : rejoindre Cooprex, cabinet de conseil fondé en 2012 par Christophe Machu et Gilles Le Cardinal, pour déployer les outils créés à l’UTC.
Le pari du sens
Aujourd’hui mon métier est d’amener des équipes (direction, services, salariés, syndicats…) impliquées dans un projet complexe à élaborer ensemble le plan d’action fédérateur pour le réussir, et à collaborer durablement.
Le sens de mon travail, c’est de contribuer par nos outils, en particulier la méthode PAT-Miroir©, à ce que les personnes s’écoutent et puissent aller rapidement à l’essentiel, en crevant parfois des abcès. Cela leur permet de mieux comprendre les points de vue de chacun, et de déminer blocages et conflits potentiels, pour construire une solution satisfaisante pour tous ; ma joie, c’est de voir des « ponts » s’établir entre les gens, une situation se détendre, plus d’unité au sein des parties prenantes. Et de pouvoir le vivre aussi bien en entreprise, dans l’industrie, dans les collectivités, dans les associations, ou dans l’Église. Joie de travailler avec une équipe soudée ; joie enfin de relire mon parcours et de voir que chaque étape a été utile…
Ce n’est plus le confort d’un grand groupe, puisqu’il s’agit d’une TPE de cinq personnes, mais le travail est passionnant et je sais que j’y suis à ma place !
Thomas de La Bigne
Biographie :
- 1994 : Bac D
- 2000 : diplômé de l’UTC, embauche chez Altran Technologies
- 2000 : mariage avec Marie d’où naîtront 4 enfants
- 2001 : part deux ans en coopération en Guinée-Conakry avec Fidesco
- 2005 : embauche chez PSA
- 2017 : arrivée chez Cooprex International