Un livre sur les pandémies paru en octobre 2020 ! Mais ce n’est pas de la Covid-19 qu’il s’agit, mais des pandémies dans le monde de l’élevage industriel. La conclusion du livre rappelle toutefois les interactions entre les pandémies animales et la maladie chez l’homme. Lucile Leclair, journaliste (elle a notamment travaillé pour Responsables), auteure et formatrice à l’École supérieure de journalisme de Lille, nous fait réfléchir dans ce livre militant sur les liens entre santé animale, conditions de production et commerce international.
Certaines maladies peuvent venir de l’animal sauvage, dont l’habitat naturel est pénétré par la déforestation et les voies de communication. Mais beaucoup d’épidémies se développent dans les conditions artificielles de l’élevage industriel. Vache folle, H5N1, H1N1, peste porcine, les cas se multiplient, certains de ces virus pouvant se transmettre à l’homme.
La concentration des animaux dans des espaces restreints favorisent la contamination ; d’autres facteurs biologiques jouent aussi. Ainsi, l’agro-industrie a poussé à sélectionner dans chaque espèce, un nombre réduit de races, les plus productives, mais souvent les plus fragiles. Cette évolution s’est faite aux dépens d’une diversité naturelle qui, elle, crée des barrières à la contamination.
C’est toute la logique productiviste qui est analysée dans le livre, y compris le rôle de la biosécurité basée sur l’idée de cloisonnement et de suppression de tout contact avec des sources pathogènes. L’agro-industrie mondialisée où tout est toujours plus contrôlé, plus artificialisé aboutit à une impasse que même les investisseurs reconnaissent car ce mode de production est reconnu par les experts comme de plus en plus créateur de risques sanitaires.
Face à ce modèle, Lucile Leclair présente les fondamentaux de l’agro-écologie, avec le respect des écosystèmes et des cycles naturels. Certes, les rendements sont souvent moindres, mais les besoins d’alimentation mondiale peuvent être satisfaits si la consommation de produits carnés diminue fortement dans les pays les plus riches. Pour cela, l’auteur ne demande pas que tous les Européens deviennent végétariens ; il suffit qu’ils divisent leur consommation de viande par deux. Est-ce une proposition si folle ?
Arnaud Laudenbach