Pour paver dès aujourd’hui les voies de futurs souhaitables, l’équipe Congrès s’est mise en quête de nouveaux « passages », plus responsables, plus solidaires, plus écologiques, plus durables. Via le site collaboratif Passeurs d’avenir, elle a invité les équipiers à contribuer. À quelques mois du Congrès de Nantes, quels enseignements tirer de cette démarche collaborative ? Noé Kirch livre quelques points marquants.
De septembre 2020 à juin 2021, une vingtaine de « passages » numériques ont invité les équipes du MCC à ouvrir des brèches sur l’avenir. Fruit de travaux collectifs au sein des équipes, de rencontres et de conférences en ligne, chaque « passage » apporte des clés de compréhension, d’espérance et d’action face aux défis de notre temps. Après la table ronde à Paris en mars 2021 puis la rencontre de Marseille en octobre 2021, et en vue du Congrès de Nantes, il importe de revenir sur ce travail collectif riche par la diversité des thématiques abordées.
Conversions
Les pistes ouvertes par les « passages » marquent par leur résonance avec le chemin de « conversion écologique » qu’appelle à bâtir le pape François dans l’encyclique Laudato si’ (LS). On y retrouve d’abord l’idée d’une conversion individuelle aux dimensions multiples : spirituelle (accepter de m’abandonner à ce qui me dépasse) ; intellectuelle (me former pour comprendre) ; pratique (changer mes habitudes, rechercher ma place et mon talent) ; imaginaire (changer mes attentes, mon regard). Mais cette conversion individuelle ne semble pas suffisante si elle ne se laisse pas envelopper dans une conversion relationnelle, car comme le dit François : « Quand nous sommes capables de dépasser l’individualisme, un autre style de vie peut réellement se développer et un changement important devient possible dans la société » (LS, 208). Cela est notamment marquant dans le passage et la conférence sur l’entreprise relationnelle.
Communion
Le passage intitulé « L’économie sociale et solidaire (ESS) : premier pas sur le chemin d’une économie au service de tous » est un autre exemple de cette recherche de communion, d’espérance et de dépassement des valeurs de l’individualisme moderne. Au travers de l’exemple d’organisations issues de l’ESS, les participants de ce passage ont découvert des manières de faire alternatives, plus justes et peut-être aussi plus pertinentes que le modèle traditionnel de l’organisation verticale du travail. Les organisations évoquées dans ce passage comme dans celui « Comment déployer les Communs /Biens partagés en intelligence collective ? » proposent des tentatives de transformation des rapports à la propriété et au pouvoir, ainsi qu’une préférence pour l’action au niveau local. Par ailleurs, les exemples amènent les équipiers à se poser des questions : le choix de la sobriété peut-il impliquer de la frustration ou du manque ? Travailler dans l’ESS implique-t-il une remise en causes des modèles de réussite sociale ? En questionnant le rôle de la réussite professionnelle et de l’accès à la consommation comme potentielle réponse à un vide existentiel, les équipiers abordent également la dimension spirituelle de la transition.
Espérance
Un autre passage aborde la question des « Ruptures dans nos vies personnelles et professionnelles ». En posant un regard d’espérance sur ces ruptures de plus en plus nombreuses, il nous appelle à saisir le mouvement impulsé par ces épisodes subis ou choisis, prévus ou imprévus, qui nous conduisent souvent à modifier notre trajectoire. Sans angélisme car les ruptures sont aussi parfois synonymes de souffrance, il s’agit alors pour les équipiers de faire de ces ruptures personnelles des passages, des portes ouvertes plutôt que des déchirements. Ici aussi, changer de regard sur les ruptures n’est pas qu’une affaire purement individuelle et intérieure : la démarche personnelle et spirituelle passe par une ouverture au collectif et plus globalement à la vie.
Dialogue
Le passage « Discuter et dialoguer, le talent du MCC », illustre ce besoin de collectif auquel a toujours cherché à répondre le MCC. Partant du constat que « l’Église c’est aussi nous-même », ce passage invite à entretenir la flamme du dialogue et de la discussion, sans avoir peur ni de marcher dans le mauvais sens, ni d’écouter ceux qui se croient perdus : « La foi, la tradition et la spiritualité de notre mouvement nous donnent des « outils », des manières d’être et non des réponses toutes faites. Le discernement, la fraternité, l’humilité ne sont jamais des solutions simples et prêtes à l’emploi. ». Ce passage pointe, dans le fond, la convergence entre la méthode du projet Passeurs d’Avenir et les fins qu’il vise : développer par le dialogue pluriel un regard collectif, amener chaque équipe à enrichir son monde en allant à la rencontre de la diversité du mouvement et de ses membres, des avis divergents et des expériences de chacun.
Médiations
Finalement, l’ambition de Passeurs d’avenir illustre l’expression selon laquelle « Je est un nous ». Cette formule nous incite à accepter le fait que nos relations nous modèlent. Elle nous engage à discerner les attachements qui nous libèrent et ceux qui nous aliènent. D’où l’intérêt de s’interroger sur des thèmes en apparence aussi éloignés que les ruptures biographiques, le partage du pouvoir et du savoir en entreprise, ou encore la place du numérique dans l’Église aujourd’hui. « Faire des ruptures des phares », s’interroger sur la démocratie en entreprise, ou encore penser « une communication numérique qui ne « piège » pas mais « libère », c’est toujours repenser notre présence au monde, nous re-médier nous-même, avec lui, avec les autres, par le – et avec – soin. Toute une écologie !