Les événements du monde et de France, les affaires politiques, les choix à court-terme de certaines entreprises dans un contexte de marasme économique… suscitent la défiance face à l’autre, défiance motivée tout autant par l’instinct primitif de se protéger que par l’expérience avisée de la vie en société. Alors que notre société a le goût du risque, elle n’a plus celui de faire confiance à l’étranger, au savant, au politique, au plus jeune… Pourtant, lorsqu’on y regarde de plus près, les plus belles réussites humaines sont toujours collectives portées par des relations de confiance entre des personnes de compétences et de sensibilité différentes qui ont accepté de se confier leurs rêves, de se fier à leurs compétences mutuelles et d’être fidèles à leurs engagements.
Les débats Varenne de cette année nous offrent (le dernier est prévu le 17 juin à 20h au Centre Sèvres à Paris) l’occasion d’entendre des témoins qui ont mis la confiance au cœur de leurs actions professionnelles ou publiques parce que malgré les échecs, malgré les déceptions, malgré les résistances, ils savent que c’est la seule manière d’accéder à quelque chose de supérieur à leurs actions. Ils sont à l’image de Salomon, lui qui, prenant conscience de ses propres limites, juste avant de débuter son gouvernement demande à Dieu un « cœur intelligent ». Car le cœur humain est, comme le dit Hannah Arendt « la seule chose au monde qui puisse assumer le fardeau que nous a légué le don divin de l’action, ce don d’être un commencement et, partant, d’être capable de commencer »*. Dans notre monde parfois usé, faire confiance, c’est bâtir du neuf !
Claire Collignon
* Citée par Véronique Albanel dans Christus d’avril 2015 sur Gouverner et extrait de La nature du totalitarisme (1954)