« Seigneur, dis-moi que ce n’est pas un crime de prendre la mer. Que ce n’est pas un crime de fuir la misère et la guerre et l’oppression.
Seigneur, dis-moi que ce n’est pas un crime de vouloir une vie meilleure pour soi et sa famille.
Seigneur, dis-moi que ce n’est pas un crime de franchir les frontières.
Seigneur, dis-moi que ce n’est pas un crime d’être né en Erythrée, à Kaboul, Alep, Homs, Rakka, au Soudan, au Mali.
Seigneur, dis-moi que ce n’est pas un crime d’avoir été torturé ou violé ou persécuté.
Seigneur, dis-moi que ce n’est pas un crime de partir à l’aventure, de risquer sa vie, d’espérer que le lendemain ne soit pas plus malheureux que la veille.
Seigneur, dis-moi que ce n’est pas un crime d’attendre l’hospitalité, un lieu, de quoi manger et se réchauffer.
Seigneur, dis-moi que ce n’est pas un crime de vouloir protéger ses enfants.
Seigneur, dis-moi que ce n’est pas un crime de vouloir rejoindre sa famille, ses amis.
Seigneur, dis-moi que ce n’est pas un crime de vouloir refaire sa vie.
Seigneur, dis-moi que ce n’est pas un crime de réclamer, de frapper à la porte, de crier à l’aide. »
/[Frédéric Boyer (extrait de La Croix, 1/3/2018)
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