Ce colloque organisé par le Ceras du 20 au 22 mai dans le cadre du centenaire de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a donné lieu à une densité d’interventions et d’échanges immense. 420 personnes étaient présentes, dont une vingtaine du MCC. Quelles idées fortes à l’usage du Mouvement avons-nous retenues ?
Shiva, E. Laurent, A. Biondi le disent : après la révolution industrielle portée par une énergie surabondante qui a considérablement élevé les niveaux de vie et de bien-être, nous voici entrés dans la révolution du numérique et des big data. Avec deux mauvaises nouvelles : elle est très destructrice d’emplois peu qualifiés et elle conduit à une économie rematérialisée très capitalistique avec un épuisement de la planète (métaux et terres rares), détruisant l’environnement, les conditions de travail et la vie humaine (barrage minier qui cède au Minas Geraïs faisant des centaines de morts, pollutions multiples affectant la santé).
Dans ce contexte, on impute à l’entreprise des responsabilités sociétale, environnementale et sociale. Mais Cécile Renouard appelle à voir l’entreprise comme un « commun » ; ce qui n’empêche pas de considérer qu’elle a aussi et initialement une mission de responsabilité économique, financière et politique. Les responsabilités de l’entreprise, c’est l’ensemble.
Mais l’homme et le travail dans tout ça ? P-M Menger souligne que si le travail doit être qualifié il est surtout qualificateur et concourt à l’autonomie et au bien-être de l’homme. Mgr Duffé le dit avec E. Cuda : le travail est le lieu de l’aliénation et le lieu de la socialisation. Un travail digne est celui qui développe un relationnel positif avec autrui, au-delà d’un travail décent qui est aussi de la responsabilité de l’employeur. E. Laurent relève que l’écologie est née des premières mesures de protection des effets du travail et préconise l’avènement d’un État social écologique.
La dignité du travail, l’autonomie, la relation à l’autre, la reconnaissance des activités socialement utiles, le soin de la « casa comùn » (Mgr Lugones), sont les voies à développer. Ainsi que l’importance de nos actes de consommateur ou d’acteur au quotidien.
La plus belle conclusion fut celle de Mgr Duffé, qui nous rappelle combien la Genèse est d’actualité car elle nomme les possibles : Dieu confie la création à l’homme pour produire et protéger le jardin. Le progrès oui mais avec la dignité et une socialisation dans le travail sans oublier le soin porté au devenir de la maison commune : c’est l’écologie intégrale chère au Saint Père.
Le Ceras a dévoilé en fin de séminaire un manifeste pour un travail décent et durable dont le MCC est co-signataire. À lire absolument ! Le MCC engage par ailleurs une réflexion pour creuser, pour le Mouvement, l’enjeu de l’avenir du travail dans la transition écologique. Un prochain Responsables s’en fera l’écho.
Christine et Denis Lourdelet, équipiers dans les Yvelines
Intervenants cités : Vandana Shiva, altermondialiste Nobel 1993. Eloi Laurent, OFCE. Anna Biondi, OIT. Cécile Renouard, ESSEC. Pierre-Michel Menger, Collège de France. Mgr Bruno-Marie Duffé, Sec Dicastère du développement humain intégral. Emilce Cuda, Conf épiscopale argentine. Mgr Jorge Lugones, Pdt Pastorale Sociale Argentine