Récession économique, travail à distance, nouveaux rapports aux autres et à notre vie sociale, sentiment de vulnérabilité voire de fatalité : comment rebondir dans ce contexte et donner souffle aux frémissements de créativité et de solidarité déjà expérimentés?
La crise sanitaire liée au coronavirus nous a précipités dans une récession économique violente que nous ne faisons qu’aborder. Elle impacte nos entreprises, nos emplois, notre vécu au travail. Un immense souffle de créativité, de solidarité a porté notre désir de vivre et de faire face, pendant le premier confinement et au plus fort de la crise sanitaire. Nous avons suspendu des règles et logiques économiques et financières qui semblaient immuables et l’état a déployé un ensemble d’aides de soutien aux entreprises ou au personnes pour limiter le basculement vers la pauvreté ou la précarité notamment pour les jeunes arrivant dans le monde du travail. Nous avons pris la mesure de notre interdépendance, exploré d’autres organisations du travail et de management, dont massivement le télétravail.
Dans le monde éducatif, l’enseignement numérique s’est déployé autant qu’il était possible et accessible.
Nous avons donné plus de voix à l’intelligence collective.
Nous avons su répondre à l’urgence mais comment construire le monde d’après ?Repartirons nous comme avant ?
Comment nous y préparer, quels choix essentiels devons-nous faire, économiques mais aussi sociaux, environnementaux, éducatifs, puisque nous prenons conscience que « tout est lié »(Laudato Si &112, 217)?
Comment nourrir l’ espérance que nous nous relèverons tous et ensemble de la crise actuelle ? Comment intégrer une vulnérabilité personnelle et collective bien réelle ? Comment vivre ensemble quand clivages, tensions, replis et fatalité semblent dominer l’élan de solidarité qui a traversé le premier confinement ?
Ce texte a pour objectif de préciser des postures qui permettent de rebondir quand personne ne sait de quoi l’avenir sera fait. Comment discerner dans ce contexte? A quels difficultés devons-nous faire face ? Quelles sont les ressources humaines et spirituelles que nous pouvons mobiliser pour donner du sens à nos vies et devenir chacune, chacun, ensemble passeur d’avenir ?
« Comprendre »
La crise économique mondiale avec de nombreuses faillites d’entreprises, l’accroissement du chômage et le développement de la précarité notamment chez les jeunes et les plus pauvres sont autant de répercussions de la crise sanitaire actuelle.
De vagues en vagues, si l’immunité est insuffisante ou la vaccination n’est pas possible à large échelle, la Covid ne continuera-t-elle pas de déterminer notre manière de vivre, nos relations, notre travail?
La menace terroriste, l’invasion des réseaux sociaux par d’innombrables théories de complots complexifient encore notre capacité à comprendre afin de trouver la juste posture face à ce nouvel environnement sociétal, économique, affectif.
Comment résister à la fatalité voire à la « fascination du malheur? La foi dans le progrès et la capacité de maitrise de tout problème par la technique et l’intelligence humaine qui nous habitent plus ou moins consciemment doivent-elles être débusquées et reconsidérées ? Et si la gratitude, la capacité de relire le bien qui donne sens à nos vies devenaient vitales?
Nos relations sont impactées par des mesures de distanciation, de réduction des contacts, un nouveau rapport au corps, à la confiance. Les replis sur la famille ou des cercles professionnels restreints. Comment interrogent-elles mon équilibre psychique, physique, spirituel, mes « essentiels « relationnels ? Quelle présence aux personnes seules ou exclues?
Nous sommes convoqués à prendre des décisions existentielles, qui donnent sens à nos vies, qui les orientent vers ce dont nous pourrons être fiers à la fin de notre vie(voir Responsables#446 p22-25). Des décisions qui permettent à ce qui nous caractérise individuellement de porter des fruits (Mt 25, 14-15.19-21) et de l’inscrire dans l’horizon personnel, social et environnemental que nous désirons.
Cf Podcast : Le green deal . Gael Giraud conférence du centre Sèvres du 15 sept 2020
et Responsables #449 p 6-9., Etienne Perrot Responsables#449 p 14-15
Espérer
L’incertitude et les peurs modifient notre société. Les raisons de se décourager sont nombreuses. Comment devenir plus résistants aux crises que nous traversons? Ignace de Loyola propose de relire quotidiennement sa journée et de repérer d’abord ce qui nous est arrivé de bon. Il ne s’agit pas de donner un vernis positif à ce qui a été difficile à vivre mais de laisser résonner notre journée et notre horizon s’élargir, notre coeur s’élargir .
Nous pourrons ainsi devenir attentifs à des signes, des expériences, des paroles porteuses d’espérance.
ex d ‘ENVIE: Entreprise sociale et solidaire conciliant économie circulaire et solidarité (podcast RCF, Grand Est Eco du 10/11/2020)
ex Label Emmaüs Responsables #449 p 20_21
ex de MOBILEX: accompagnement de l’accès à l’emploi par la mobilité(podcast RCF, Grand est ECO du 13/10/2020)
Marion Muller-Collard, La croix hebdo 7_8 nov 2020 »:
« Je pense qu’il faut résister à la fascination que peut opérer l’extraordinaire de la violence, du scénario catastrophe. Prudence. Je parle là en tant que croyante. Nous sommes dans un combat spirituel. Pour moi, la spiritualité est associée à la lucidité, à cette capacité à prendre du temps pour essayer de se mettre en présence de ce qui se passe à l’intérieur de soi, de ce qui fait sens ou non. Cela relève de notre responsabilité individuelle de ne pas céder à la fascination du malheur. Dans l’incertitude, est-ce que je vois une promesse ou une menace ? Tout est possible. Le tout est de ne pas se figer… Toute la question est de ne pas perdre l’audace, le mouvement, la vitalité de la pensée, et de ne pas être dans une posture ».
Quelques pistes de propositions:
Dans le monde économique
-dans l’entreprise :
refonder sa raison d’être, sa mission, sa finalité personnelle et celle de l’entreprise
redonner sens à son travail: apprendre à relire, déléguer, donner confiance et reconnaissance, discerner pour décider(voir Responsables#447 p12-13, 20-25)
adopter d’autres modes de travail, relation aux outils numériques, télétravail et autres formes de management, agilité, convivialité et communication virtuelle, voir par ex. l’exemple de Pragma in Responsables#444p16-18
Donner place à la solidarité (passage « entreprises sociales et solidaires »)
Réfléchir à l’entreprise comme bien commun?(lien vers le passage :passage « en entreprises, préparer le monde d’après »); intégrer des enjeux environnementaux et sociaux (Responsable s#449 p 12 et 13)
dans le monde éducatif:
déployer une éducation aux outils numériques, à la liberté , au choix, à la décision
éduquer au travail personnel, à l’autonomie, à la prise de parole et à une pensée personnelle
dans le monde de la santé:
Vivre son travail comme mission de soin. Concilier des objectifs de rentabilité?
Le confinement est aussi un moment de retrait ‘imposé’ qui peut devenir l’occasion de se recentrer sur soi et de redécouvrir sa foi loin des dispersions et distractions de la vie quotidienne. C’est peut être l’occasion de renouer un lien avec le Seigneur, lien qui a été affaibli par les difficultés que la société et le monde du travail nous imposent. C’est l’occasion de relire certains textes pour mieux comprendre la réalité, relire notre vie quotidiennement pour mieux et davantage y devenir acteurs. voir Responsables#449p 22-24
Vie d’équipe : « Rebondir après le Covid » (newsletter MCC de fin mai 2020)
Vie d’équipe S Scholl à venir sur « l’essentiel dans nos vies »
Vie d’équipe: « Trouver du sens à mon travail ou lui en donner? » Responsables#447 p27