Mgr Jean-Luc Brunin
évêque du Havre
Mgr Jean-Luc Brunin
évêque du Havre
point de vue
Le MCC nous aide à devenir acteurs des transformations
La sécularisation des espaces religieux entraîne paradoxalement le cléricalisme. Certains groupes de croyants se spécialisent dans le religieux avec une certaine distance par rapport à la société. Cela provoque des prises de position qui prennent la place de l’Évangile et un repli dans des espaces communautaires. Le MCC fait, lui, le pari d’une action au cœur de la société. Mgr Jean-Luc Brunin nous livre ici sa vision du rôle du MCC et de celui des accompagnateurs.
Le MCC, une garantie de l’ouverture de l’Église au monde
Je pense que la démarche synodale à laquelle le pape François nous invite permettra de requalifier la manière dont les membres des mouvements comme le MCC se situent dans leur rapport au monde et peut réajuster le rapport de l’Église à la société. L’enjeu est important pour l’Église, sinon elle va se confessionnaliser et en quelque sorte se sectariser avec des gens qui seront des gourous. Ma responsabilité au sein de la commission de la Conférence des évêques de France sur les dérives sectaires me fait toucher du doigt ce danger.
Pour fonder sa mission, Jésus est allé sur les routes et a rejoint les gens là où ils étaient. Le pape François nous le rappelle lorsqu’il nous invite à être une “Église en sortie” car il perçoit le danger mortifère des communautés d’Église qui se replient sur elles-mêmes. On a besoin de fidèles laïcs qui, par leur insertion dans les réalités du monde professionnel, économique, politique, culturel, témoignent de la manière dont ils essaient de vivre l’Évangile aujourd’hui. La mission n’est pas unilatérale mais, depuis le concile, essentiellement rencontres et dialogues en réciprocité.
Le monde est sauvé depuis longtemps. Et il faut qu’on l’annonce, comme des serviteurs. On doit redécouvrir ce que le pape François appelle la théologie du peuple. Au contraire de la théologie de la libération, font partie du peuple tous ceux qui ont conscience que la situation du monde dans lequel ils vivent doit se transformer dans le sens de la justice, de l’équité et de la fraternité. C’est une politique pour les pauvres, à partir des pauvres, qui les rend acteurs d’une transformation sociale au sein de l’Église en les impliquant dans la démarche de synodalité.
Le MCC aide ses membres à devenir acteurs des transformations des lieux où ils se trouvent. Il dépasse une éthique individualiste pour promouvoir l’approche de la personne dans toutes ses dimensions sociales.
L’accompagnement des équipes
Dans l’Église, tous les baptisés sont en état de mission. Certains ont un ministère d’accompagnateur pour que tous prennent part à la mission commune d’annoncer l’Évangile, de le vivre au cœur des réalités du monde.
Un ministère bien vécu n’est ni un monopole ni une chasse gardée: c’est une fonction d’éveil, de stimulation, d’animation en vue d’une mission commune. Les ministères doivent pouvoir garantir une bonne mise en œuvre de la synodalité, permettre que, dans une équipe, chacun puisse prendre sa place comme disciple du Christ dans ses réalités professionnelles, familiales ou autres.
Ces ministères d’accompagnement de votre mouvement sont au service de la construction d’une Église qui porte le souci d’un monde qu’il faut aménager, transformer, à travers vos responsabilités professionnelles, humaines et d’un évangile à annoncer d’abord par un témoignage de vie. Cet accompagnement nécessite une formation, une spiritualité, une mission reconnue et confiée. Il permet de mettre en œuvre la vocation baptismale des membres dans les réalités de la vie professionnelle comme cadres mais aussi au sein de l’Église.
Le MCC doit faire valoir son expérience au sein des églises diocésaines, ce qu’il perçoit des évolutions du monde, notamment celui des entreprises.
Propos synthétisés par Sylvie de Roumefort, responsable éditoriale