Alice Vallentin

Animatrice salariée de Magnanen

Alice Vallentin

Animatrice salariée de Magnanen

reportage

En Avignon, Magnanen est un tiers-lieu d’Église aux visages multiples

À l’instar de lieux nouveaux partagés qui s’inventent dans les territoires,  le Centre Magnanen en Avignon offre un “lieu ouvert à celles et ceux qui veulent travailler, réfléchir et agir pour une meilleure compréhension  du monde et pour un mieux vivre ensemble”. Ce creuset original d’associations relevant du champ de la solidarité est actuellement présidé par le MCC en Vaucluse représenté par Dominique Semont. 

Magnanen existe depuis 1938. Quelle est sa vocation ?

Le Centre est doté d’un esprit particulier qui perdure depuis plus de 80 ans dont les laïcs gèrent l’héritage, nourri de dimensions spirituelles, culturelles, pratiques et de services. Son animation, centrée sur le développement des œuvres, a profondément évolué en accompagnant les évolutions de l’Église en France. Si la vocation sociale du lieu s’exerçait pleinement dans les années soixante à 80 en hébergeant l’action catholique et ses aumôniers, au tournant de l’an 2000, seules demeuraient au Centre cinq ou six structures pérennes. En 2010, une dizaine de mouvements et des laïcs engagés ont choisi de repositionner son propriétaire, l’Association centrale des œuvres catholiques (ACOC), comme gestionnaire d’un Centre reconfiguré, en instituant pour tous les participants la règle d’être des acteurs de solidarité, ouvrant les lieux à de nouvelles arrivées d’origines diverses.

Aujourd’hui vingt-deux entités, membres ou non de l’ACOC, cohabitent à l’année dans des bureaux privatifs ou  mutualisés,  rejointes ponctuellement par d’autres associations ou mouvements. S’y regroupent des acteurs centraux de la vie associative dont les activités et missions ont des retombées souvent bien plus larges qu’à l’échelle du Centre. Le MCC en Vaucluse préside actuellement l’association. Le Secours catholique et l’association Vivre ensemble l’Évangile aujourd’hui (VEA) complètent, avec le MCC en Vaucluse, le bureau de l’ACOC. Avec le conseil d’administration, ils animent et garantissent le bon fonctionnement du Centre, en lien étroit avec les quatre salariés présents sur le terrain et motivés par l’état d’esprit du lieu comme par la confiance qui leur est accordée.

Concrètement, quels services et activités favorisez-vous ?

Dans ce lieu de travail attractif, agréable à vivre, facile d’accès, à la location peu onéreuse, nous proposons des réservations régulières ou ponctuelles pour des réunions, des formations ou ateliers ; l’organisation d’activités menées pour des publics sensibles, personnes âgées ou isolées, jeunes de quartiers défavorisés, scolaires ou étudiants ; l’animation de conférences ouvertes à tous, gratuites et suivies de débats qui réunissent des passionnés, où se développe un état d’esprit critique, où on se questionne sur les enjeux sociaux, citoyens, spirituels, culturels et environnementaux. Magnanen avance ainsi vers une vie plus dense et féconde. Nous créons et nous laissons créer par nos résidents.

Parlez-nous des publics que vous recevez

Nous accueillons, en particulier, des personnes en difficulté, isolées qui se sentent considérées, valorisées en échangeant par exemple sur leur pays d’origine, leurs traditions… Pour elles, des lotos, des kermesses, des repas de Noël, des ateliers, des activités couture, des cours de langue sont organisés pour les sortir de l’isolement, tisser des liens, gagner en autonomie. Nous accompagnons également des événements ponctuels ou réguliers, organisés ou non sur place, par exemple le colloque “Pour une écologie humaine, quel mode de vie ?” avant le confinement, ou les retransmissions des conférences d’éthique du Centre Sèvres en partenariat avec le MCC.

Vous travaillez ici depuis 2016. Quelles richesses en retirez-vous ?

Issue du monde de la recherche, j’y ai découvert le milieu associatif et son impact sur la vie de notre société. J’apprécie l’engagement bienveillant des salariés, des bénévoles retraités ou non, et des volontaires en service civique (une trentaine), au bénéfice des autres. Je suis sensible aussi aux parcours de vie personnelle et professionnelle instructifs de ces acteurs d’âges et de milieux socio-culturels et religieux très variés, et aux bienfaits de la cohabitation intergénérationnelle. Magnanen est un lieu de convivialité, de fraternité où règne un esprit d’entraide qui correspond aux attentes on débat, on partage, on apprend, on sensibilise, on forme, on aide, on donne, on reçoit, on gagne en confiance, on réfléchit à ce que l’on peut faire ensemble à divers niveaux pour l’intérêt général, pour notre société.

Comment envisagez-vous l’avenir ?

À Magnanen, nous sommes à la fois acteurs et témoins d’une aventure unique sur le plan humain et professionnel et tout nouvel entrant y aura sa place pour participer à tout projet, existant ou en devenir, qui reste fidèle aux valeurs inscrites dans les statuts de l’ACOC. Humblement nous participons à une aventure singulière aux moyens humains et financiers somme toute modestes. Mais, pour les mouvements d’Église qui y sont engagés, pour le MCC en Vaucluse qui en assure la gouvernance, notre démarche exprime la volonté d’être collectivement des témoins, de prendre des initiatives concrètes, de témoigner ainsi de notre foi, d’oser rencontrer et écouter l’autre différent. Nous osons espérer que cette maison reste demain un lieu où souffle l’Esprit.

 

Propos recueillis par Robert Migliorini, Comité de rédaction

 

Autrefois dénommé “Maison des œuvres”, le Centre Magnanen existe sous cette forme depuis 1938. Il est la propriété de l’association centrale des œuvres catholiques – ou ACOC – sous l’égide de la loi de 1901. En 2021, il est l’outil privilégié de 23 mouvements de laïcs, associations et services d’Église pour développer la communauté de moyens qu’ils ont choisi de mettre en œuvre. C’est un espace de 3 000 m2 situé au cœur d’Avignon qui abritent 25 bureaux, 4 salles de réunion, une chapelle, un secrétariat et la résidence du gardien, mais également une salle de spectacles de 400 places et 17 garages. Les locations sont les seules ressources assurant la vie de la structure. Cette maison est un lieu de service animé par des laïcs engagés en Église.

 

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