Claude Bobey

Directeur Engagement et Animation au siège du Secours catholique

Claude Bobey

Directeur Engagement et Animation au siège du Secours catholique

témoignage

Accueillir avant de recueillir la parole

Comment donner la parole à ceux qui ne la demandent pas ? Claude Bobey, directeur “Engagement et Animation” au siège du Secours catholique, nous livre les enseignements qu’il tire de son expérience auprès des migrants.

“Se sentir en confiance ne peut se décréter”

La première attitude est d’accueillir plus que de “faire parler”. Anila, originaire du Soudan, participe à une réunion de préparation d’un voyage à Lourdes. Comme elle reste silencieuse, je lui demande à la fin de la réunion: “Anila, veux-tu dire quelque chose ?” Dans un sourire, elle répond au groupe: “C’est la première réunion de ma vie !” Elle a donc observé.

Dans les groupes collectifs au Secours catholique, nous accueillons des personnes au profil très différent. Notre pratique nous enseigne qu’une personne peut parler la première fois ou bien attendre plusieurs rencontres. C’est le temps pour établir la confiance quand, dans la vie, les épreuves ont été nombreuses.

Faciliter la prise de parole avec des outils d’intelligence collective

En revanche, nous pouvons faciliter la prise de parole avec des outils d’éducation populaire comme le photolangage. Durant une réunion sur le thème de l’alimentation, Solange est crispée. Elle ne souhaite pas s‘exprimer. Puis elle voit une photo représentant une maison traditionnelle en Afrique de l’Ouest et nous dit: “J’ai pris cette photo car toutes les autres avec de la nourriture, c’est de la souffrance !” Pour elle, l’accès à l’alimentation a été difficile une grande partie de sa vie et notamment pour nourrir ses enfants. Encore aujourd’hui, elle se sent coupable de cela. Les outils d’intelligence collective permettent une médiation.

Chacun est unique au sein d’un groupe

De ces expériences, il ressort que chacun est à prendre comme personne unique au sein d’un groupe. On n’est plus seul dans sa situation, on sort de la honte. Gérard me confiait dans un groupe de mal logés dans le 93 : “Je ne savais pas que nous étions aussi nombreux dans ma situation. Maintenant, je vois que je ne suis pas seul et qu’ensemble nous pouvons faire quelque chose”. Avec Gérard et d’autres, nous avons monté un projet de vacances. C’était la première fois qu’il partait avec ses deux enfants.

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