Cerf, 2019

134 pages

lu

À Philémon

Réflexion sur la liberté chrétienne

Adrien Candiard

La lettre à Philémon est le plus petit livre du nouveau testament : à peine 25 versets, soit une à deux pages selon les éditions. Adrien Candiard, dominicain au Caire, en fait une analyse de 134 pages, et obtient pour cela le prix de la liberté Intérieure en 2019, décerné par Le Jour du Seigneur. Il est vrai que l’affaire est grave.

Dans cette épître, Paul recommande à Philémon, son ami de Colosses et maître d’Onésime, de reprendre ce dernier chez lui. Esclave fugitif, réfugié à Ephèse où l’apôtre est lui-même prisonnier du fait de son activité pastorale, Onésime s’est converti sous la direction de Paul. La lettre ne comporte aucune critique du crime le plus grave de l’Antiquité, la pratique de l’esclavage. Juste le conseil de reprendre Onésime, non pas comme un esclave mais comme un frère. Ne serait-ce pas une des raisons pour laquelle l’esclavage n’a été aboli par les pays chrétiens qu’au 19e siècle ? Adrien Candiard est ainsi obligé d’expliquer l’originalité de la morale chrétienne : non pas une morale désincarnée comme celle des Grecs stoïciens ; ou une morale tatillonne comme celle des juifs ; mais une morale qui prend sa source dans une expérience spirituelle, celle de se savoir enfants de Dieu et donc frères de toute origine et condition. La gratitude de ne plus vivre dans le régime de la dette, si bien décrit par la parabole du débiteur impitoyable (Mt 18,23-35), mais dans celui de la liberté des enfants de Dieu que les chrétiens demandent tous les jours en récitant le Notre Père.

C’est ce que Paul suggère – il ne peut l’imposer – à son ami Philémon en lui demandant d’accueillir son ancien esclave – qui lui avait pourtant volé de l’argent. La suggestion a sans doute été efficace, sinon la lettre ne nous serait pas parvenue ! Il reste que les chrétiens ont mis du temps à comprendre ce qu’implique cette « loi de liberté » (Jc 1, 25), qui les oblige pourtant à dénoncer les structures injustes et à se montrer fraternels envers tous.

 

Bertrand Hériard-Dubreuil, aumônier national

 

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