Gabrielle Sauret

Chargée de médiation des sciences en écologie à Cistude Nature

point de vue

Agir à la hauteur des crises environnementales

Petits gestes, grands défis

A l’heure de la sixième extinction de masse, alors que chaque année connaît des hausses de températures supérieures à celles des précédentes, il est évident que chacun a la responsabilité d’être acteur de la réduction de ses consommations d’énergie et de la préservation des vivants.

La responsabilité de tous n’est pas la même. Celles des pays occidentaux est bien plus importante. Et, dans ces pays, celles des plus riches l’est plus encore. Or, ces derniers participent très peu à l’effort commun. Faire peser le poids des émissions de gaz à effet de serre sur chacun de manière équivalente, lui demander les mêmes “petits gestes”, est injuste et insuffisant.

Cibler l’action sur les gestes individuels, dans la sphère domestique, permet de cacher le peu d’efforts engagés par les pouvoirs publics pour réduire les impacts des modes de production industrielle et agricole actuelles, de continuer “notre course” en avant mortifère.

Pour ne prendre qu’un exemple, même si tous les Français ne mangeaient plus que local et bio, la quantité de pesticides (responsables, entre autres, de la disparition de 80 % des insectes indispensables à la pollinisation) utilisée en France ne chuterait pas drastiquement.

Car plus de 44 % de la surface agricole française sert à produire pour l’exportation, ce qui, en retour, nécessite l’importation de 50 % de ce que nous mangeons, à grand renfort d’énergies fossiles pour le transport de ces denrées. Ce marché mondialisé de l’alimentation a pour effet supplémentaire, mais loin d’être négligeable, de
déstructurer les marchés locaux des pays les plus pauvres auxquels ces produits devraient être majoritairement destinés.

L’ampleur des crises en cours, celle du climat et celle du vivant, rend nécessaires et urgentes les décisions politiques pour de réelles transformations de nos économies, tout en accompagnant les “petits gestes” des plus fragiles d’entre nous. Dans ce contexte, le “petit geste” indispensable reste le vote…

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