Bayard, 2016
280 pages
lu
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Christian de Chergé, une théologie de l’espérance
Prêtre du diocèse de Nîmes et directeur de l’institut de sciences et de théologie des religions (ISTR de Marseille), Christian Salenson cherche à comprendre la théologie des religions de Christian de Chergé, développée dans ses écrits et signée par le don de sa vie en 1996.
L’auteur explore tour à tour le contexte algérien, les conditions de sa théologie ouverte par Nostra Aetate, déclaration du concile Vatican II sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes (1965) et enfin quelques expériences fondatrices : celle d’avoir été sauvé par un garde-champêtre durant la guerre d’Algérie au prix de sa vie ; celle de mélanger sa prière avec un hôte musulman un an avant ses vœux définitifs ; et, enfin, la rencontre délibérément non-violente avec l’émir Sayah Attiyyah, qui tente avec ses armes d’obtenir des médicaments et finit par s’excuser d’avoir troublé la nuit de Noël 1993.
Pratiquant tous les jours un dialogue existentiel avec ses voisins du village, nourrissant sa lectio divina de la lecture du Coran, le prieur de Tibhirine voit sa christologie ouverte au dimension du monde et sa foi vivifiée par l’espérance que la fraternité avec les musulmans est déjà donnée par le Dieu unique et Père de tous. Là s’ouvre une perspective extraordinaire, celle d’une prière commune, en vertu d’une communion des saints qui inclut « les enfants de l’Islam » (p. 238.). Elle rejoint aussi l’intuition du pape Jean-Paul II qui « a expliqué aux cardinaux et aux membres de la curie, après la rencontre d’Assise, que la vocation de l’Eglise était de donner la main à tous les Frères chrétiens des autres Eglises et ensemble à tous les chrétiens. La prière établit une chaîne entre tous les croyants. Elle fait partie de la vocation commune des religions qui ont pour mission d’ouvrir l’humanité à la transcendance. » (p. 240).
La prière des moines est inscrite au cœur de l’humanité, en solidarité avec tous les croyants. Par elle, s’exerce la mission sacramentelle de l’Eglise, celle de signifier l’unité des hommes entre eux et des hommes avec Dieu.
Bertrand Hériard, aumônier de Marseille