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301 pages

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Éthique de la pratique ordinaire

Pierre-Olivier Monteil

En lisant le titre de ce petit livre, on s’attend à un vade-mecum que l’on pourrait avoir dans sa poche pour servir de guide dans les situations difficiles de la vie. En fait, c’est un travail serré que nous donne Paul-Olivier Monteil, docteur en philosophie et professeur dans plusieurs établissements universitaires. Il faut prendre le temps de le ruminer pour en tirer profit.

La pratique ordinaire dont traite le livre, c’est essentiellement celle du monde de l’entreprise et des affaires, même si de nombreuses analyses et propositions peuvent se transposer aux sphères familiales, amicales, sociales.

C’est le thème de mes relations avec tout ce qui m’entoure, les personnes comme les outils et conditions de travail, qui forme le fil rouge du livre. L’auteur passe en revue toutes les situations auxquelles je suis confronté dans ma vie professionnelle, pour m’inviter à prendre du recul, en analysant chaque facette du sujet dans tous les sens, à regarder comment je réagis spontanément et comment je pourrais ouvrir des espaces de libération.

Le travail est un peu ardu, car chaque paragraphe mérite qu’on s’y arrête. Certes, le lecteur trop pressé pourrait aller directement à la fin de chaque chapitre qui comporte une dizaine de points de repère ou de recommandations de synthèse. Ces synthèses sont utiles, mais elles ne sont pas suffisantes pour faire évoluer en profondeur l’attitude du lecteur.

J’ai cru voir comme un crescendo dans la progression des thèmes, pour revenir à une forme d’apaisement, bouclant la boucle. Monteil part de ce qui est vraiment la vie quotidienne : échanger, communiquer, parler, en intégrant presque en préambule la réalité d’aujourd’hui qui fait que nos échanges se font majoritairement à distance ou de façon médiatisée. Puis, le livre franchit un cran en intensité relationnelle, en abordant les situations de conflit, avec leurs diverses formes de sortie, celles où le courage peut être à l’œuvre ou celles qui nous appellent à résister à la « servitude volontaire ».

Dans une troisième partie, Monteil revient à ce qui fait le quotidien de presque tous ceux qui, engagés dans la vie professionnelle ou sociale, font trop souvent de l’urgence et d’une illusoire maîtrise du risque, leur boussole permanente. L’auteur ne revient pas tout à fait au point de départ, – l’échange – puisque ses derniers conseils cherchent à créer les conditions pour une écoute constructive d’une vraie relation.

 

Arnaud Laudenbach

 

 

 

 

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