Presses Universitaires de France, 2019
223 pages
lu
Être quelqu’un de bien – Philosophie du bien et du mal
Laurence Devillairs, doyen de la faculté de philosophie de l’Institut catholique de Paris, fait une analyse approfondie de ce qu’est le « bien agir ». Faire le bien n’est pas se soumettre servilement à une morale extérieure, c’est un choix libre dont la source est la conscience du bien et du mal qui est en chacun de nous.
Le titre du livre pourrait annoncer un consensus mou. Au contraire, il est audacieux et provoque la réflexion.
Philosophe elle-même, l’auteur en appelle à plusieurs anciens, Socrate, Pascal, Spinoza, Kant, Fénelon, Lévinas, Bergson, Arendt et d’autres. Elle le fait de façon toute tranquille et comme familière, en mettant en évidence les continuités qui lient ces philosophes et qui étayent son propos.
Parce que nous existons par les autres, nous ne pouvons nous soustraire à la question morale. Eluder la question, c’est déjà nier l’autre et cette négation est la porte du mal. Choisir le bien, c’est prendre le temps de s’arrêter, de regarder l’autre, et même de le faire avec tendresse, et de ne pas être le pur jouet de ses habitudes ou des conditionnements divers que l’on subit.
En ce sens, faire le bien, de façon désintéressée, est un chemin de libération pour soi-même, c’est faire advenir ce qui est le plus profond en soi. Tout acte moral, même modeste dans son contexte, peut alors être qualifié d’héroïque.C’est aussi un chemin de libération pour l’autre qui en est le témoin ou le bénéficiaire, car cet acte manifeste qu’un autre avenir est possible. Il devient source d’espérance.
Même si le livre n’est pas un manifeste militant, il appelle à oser parler de l’exigence morale, à refuser le relativisme ambiant selon lequel le bien agir ne serait qu’une question de choix subjectifs. Il est un appel à se dégager du fatalisme, de la passivité et de lâcheté et à choisir le courage, ces deux derniers mots résumant pour l’auteur les deux attitudes éthiques fondamentales. L‘auteur clôt le livre par une phrase tirée du Festin de Babette, nouvelle de Karen Blixen : « Permettez moi de me surpasser ».
Arnaud Laudenbach