Jouer avec le feu

Après la mort de sa femme, Pierre Hohenberg (Vincent Lindon) travaille la nuit pour s’occuper de ses deux enfants. Même sans sommeil, il n’hésite pas à emmener son aîné Félix (Benjamin Voisin) dit « Fus » pour jouer au foot. Mais l’ancien syndicaliste est démuni quand il apprend que son fils fréquente des milieux d’extrême-droite. La relation familiale est tellement fraternelle qu’on a l’impression que le fils aîné va s’en sortir à chaque étape du film. Félix se réjouit par exemple de la réussite de son petit frère Louis (Stefan Crepon) dans des études de sciences politiques et l’aide à trouver un appartement à Paris. Mais la chute est inexorable. Le film est d’ailleurs rythmé d’informations télévisés montrant que l’extrême droite est en train de gagner partout en Europe. Après une rude bagarre, Pierre propose à son fils, gravement blessé, de porter plainte. Mais Fus ne croit plus en la justice. Il préfère se venger lui-même. Jugé coupable de meurtre avec préméditation, il est condamné à 20 ans de réclusion. Mais le dialogue avec son père reprend dans le parloir de la prison. C’est la seule note d’espérance d’un film en clair-obscur.

Cette fresque sociale, où les femmes sont volontairement absentes, montre combien le fascisme peut diviser une famille unie : « car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? » (Lc 23, 31).

Bertrand Hériard, aumônier de secteur de Marseille