Allary Éditions, 2024

296 pages

lu

La révolution obligée

David Djaïz | Xavier Desjardins

Avec pour sous-titre « Réussir la transition écologique sans dépendre de la Chine et des États-Unis », l’objectif général de « La révolution obligée » est clair. Si les ambitions de ces deux puissances sont analysées avec beaucoup d’intelligence, c’est pour affirmer que l’Europe doit tracer, avec ses atouts, sa propre voie dans cette transition.

David Djaïz est un jeune haut fonctionnaire, essayiste en philosophie politique, à l’occasion journaliste. Xavier Desjardins, professeur d’urbanisme à Sorbonne Université, a écrit de nombreux livres sur les relations entre aménagement et enjeux écologiques.

Même dans la partie relative aux constats, les deux auteurs apportent un point de vue original. La révolution nécessaire s’amorce dans un système de compétitions multiples : entre les filières industrielles, entre les territoires, entre riches et pauvres, entre générations. Il faut avoir conscience de ce contexte pour le dépasser et ne pas entraîner de blocages.

Regarder l’évolution récente de la Chine et des États-Unis est utile pour comprendre que leurs objectifs de transition écologique sont fondés, dans les deux pays, sur un imaginaire national ; la Chine rêve de créer, pour le monde entier, une « civilisation écologique » ; les États-Unis se veulent porteurs d’un « messianisme productif ».

En Europe, pour l’instant, point d’imaginaire collectif. Les objectifs en matière de transition écologique sont exprimés par des réglementations mal acceptées, par des taxes ou par des quotas. Certes, il y a aussi des moyens financiers, mais ils ne sont pas à la hauteur des besoins, l’Europe et les pays qui la composent étant en partie prisonniers de leurs règles budgétaires. Enfin, l’Europe est un « machin » trop éloigné des gens pour être porteur d’un rêve.

Parmi les nombreuses pistes que les auteurs décrivent de façon précise, la première éveille particulièrement l’attention. Pour faire adhérer le corps social en entier, la transition écologique doit s’appuyer sur l’un des piliers communs à l’Europe, la solidarité, qui s’est exprimée historiquement sous la forme de l’État-providence. Affirmation paradoxale à l’heure du libéralisme ambiant, mais il s’agit-là d’une proposition de relation directe entre l’Union européenne et les citoyens pour les aider à investir pour changer leurs modes de vie.

L’autre axe qui fédère la plupart des autres propositions peut se résumer par le mot « contrat ». Il s’agit de combiner des objectifs définis « en haut » et des moyens de mise en œuvre, discutés et adaptés aux réalités « d’en bas » ; chaque niveau a sa légitimité. De nombreux champs d’application de cette politique sont illustrés.

 

Arnaud Laudenbach

 

 

 

 

 

 

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