Editions de l’Aube, 2024

286 pages

lu

L’activité contributive

Ce que nous sacrifions à la richesse

Carole Lipsyc

Non, notre temps de vie ne se divise pas entre travail et loisir. Car il existe entre ces deux pôles une activité dont la société ne peut pas se passer et qu’elle feint pourtant d’ignorer. Cette activité, qui regroupe les tâches du quotidien aussi bien que les engagements solidaires et les projets culturels, sociaux ou écologiques qui n’ont pas de motivation lucrative mais sans lesquels l’économie de marché ne pourrait pas fonctionner, est l’activité contributive. Au fil d’un livre à la forme hybride – récit personnel, étude sectorielle nourrie de chiffres, de schémas et de recommandations et essai économique convoquant aussi bien Karl Marx qu’André Gorz ou David Graeber –, se précisent les contours de cette catégorie de l’activité humaine que Carole Lipsyc souhaite voir reconnue et valorisée comme une « richesse ». Une activité gratuite orientée vers le bien commun, qui touche aussi bien au soin qu’à la production de contenus culturels, qui ne se confond ni avec l’« amateurat », ni avec l’économie sociale et solidaire (ESS) et qui se caractérise par le fait qu’elle peut se déléguer. Mais dans quel but l’autrice défend-elle ainsi la rétribution financière de l’activité contributrice ? Dans celui d’améliorer la condition des femmes, qui fournissent l’essentiel des contributeurs de la vie quotidienne, ou de renverser les hiérarchies du capitalisme, en donnant le primat à la participation collective à la vie sociale, ou encore d’accompagner un tournant écologique, qui suppose l’intervention de contributeurs soucieux de leur environnement, ou simplement pour corriger ce qu’elle perçoit comme un « angle mort » du système ? Charge au lecteur (contributeur) d’en décider.

Fanny Lederlin

Publié dans le numéro Etudes 4320 (Novembre 2024)

 

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