Éditions jésuites, 2015
128 pages
lu
Le retour en grâce du travail
Du déni à la redécouverte d'une valeur
La réflexion sur la valeur du travail humain renaît en ce début de XXI° siècle, et le livre de Jacques Le Goff, ancien inspecteur du travail, président de l’association des amis d’Emmanuel Mounier, nous offre des repères pour mieux nous situer dans les enjeux actuels (chômage, réalisation de soi, réduction du temps de travail…) et les derniers textes de l’Église.
Nous prendrons conscience des modifications de sa perception par la philosophie et le christianisme bien au-delà des deux derniers siècles, puis comment les dernières évolutions ont accordé à l’individu une place inédite le menant à souhaiter s’y accomplir et obtenir reconnaissance. Et pour finir, nous réfléchirons à la contribution du christianisme à la pensée du travail aujourd’hui.
Après les années d’après-guerre pendant lesquelles la reconstruction a magnifié le travail, les salariés ont caressé l’espoir d’une humanisation puis d’une autonomie et d’un partage dans une société post-travail accordant un droit à la paresse. L’Église de son côté a hésité entre travail sanction et instrument de rachat pour penser aujourd’hui qu’il doit faire sens et permettre l’épanouissement de l’homme. Désormais les sociologues parlent de « réenchantement » de l’entreprise, les salariés de confiance, solidarité, sympathie, d’autonomie, de réseaux d’échanges, de désir de travail bien fait… L’individualisme entraîne un besoin de reconnaissance. La compétence repose sur les savoirs, les savoir-faire et, de plus en plus, le savoir relationnel.
Pour l’Église, la personne prime avant tout : dignité, liberté, solidarité fraternelle, justice, selon les principes de la doctrine sociale. « C’est l’homme qui est l’auteur, le centre et la fin de toute la vie économico-sociale » confirme Benoît XVI dans Caritas in veritate (25). Concrètement, elle accueille favorablement l’évolution du droit sur l’obligation d’adaptation et de reclassement du salarié, sur la nécessité du don, de la confiance, de la coopération dans l’entreprise, et toujours de la subsidiarité et du bien commun.
Le livre s’achève sur un appel à renoncer à rechercher toujours plus de nouveaux besoins, plus de revenus, plus de travail, plus d’inégalités, plus de stress…
Bernard Chatelain