Le travail au XXIe siècle

Alain Supiot, dir.

Fruit d’un colloque international qui s’est tenu au collège de France les 26 et 27 février 2019 entre 21 chercheurs du monde entier, le livre présente les questions essentielles qui détermineront l’avenir du travail.

Si le travail des hommes fait monter la température de la planète, la question de l’organisation du travail et du commerce est intimement liée à celle de l’empreinte écologique, comme l’explique en particulier l’économiste Éloi Laurent. En rendant le labeur plus objectif et l’œuvre plus abstraite, la révolution numérique modifie toutes les dimensions du travail. Reste à savoir comment les institutions sociales nées de la révolution industrielle sauront s’adapter. Un troisième chapitre explique la schizophrénie entre la logique juridique des règles du commerce et de la finance internationale et d’autre part les principes de justice écologique et sociale. Le livre donne toute sa place à l’Organisation internationale du travail (OIT) fondée en 1919 et chargée de veiller « à favoriser le droit de tous les êtres humains de poursuivre leur progrès matériel et leur développement spirituel dans la liberté et la dignité, dans la sécurité économique et avec des chances égales » (Déclaration de Philadelphie, 1944).

Une seconde partie est consacrée à la diversité des expériences de travail dans le monde. Le lecteur passe ainsi de la Chine à l’Afrique sans oublier le vieux monde industriel avec des articles sur les Etats-Unis, la Russie et l’Europe. Cette diversité est présentée comme une ressource fondamentale pour relever tous ces défis.

Le titre est ambitieux, le livre dépasse les espérances. La seule introduction d’Alain Supiot mérite une lecture attentive. En croisant une histoire du droit avec une analyse anthropologique, le professeur du collège de France et spécialiste du droit du travail fait comprendre les ruptures que l’homo Faber traverse depuis la révolution industrielle et donne des pistes pour les résoudre.

Bertrand Hériard, aumônier national