Odile Jacob 2025
253 pages
lu
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L’entreprise robuste
Pour une alternative à la performance
Le livre est riche des compétences apportées par les trois auteurs : les biosciences par Olivier Hamant, le management du changement par Olivier Charbonnier, les sciences de l’éducation par Sandra Enlart.
Conscients des impasses où nous mène une croissance sans fin dans un monde dont les limites se rappellent à nous de plus en plus fréquemment, ils nous invitent à observer le vivant qui s’est adapté à des fluctuations de grande ampleur. Comment préparer nos entreprises et nos institutions à des crises ou à des évolutions qui seront très vraisemblablement de plus en plus brutales, sans être jamais entièrement prédictibles ?
Le vivant est robuste par sa diversité, par sa capacité à se régénérer (=à se recycler), à utiliser la coopération pour faire face à la pénurie, à avoir des ramifications multiples quitte à faire des doublons. La robustesse du vivant est à l’opposé de la performance qui ne retient que le chemin le plus efficace pour atteindre un but qui semble fixé.
Pour les organisations humaines, entreprises ou autres, il ne s’agit pas de copier le vivant, mais de voir comment ses fondamentaux peuvent être transposés.
Les auteurs sont partis à la recherche d’institutions, privées ou publiques, qui ont « choisi des modes d’organisation à visée robuste, compatibles avec les bouleversements socio-écologiques ». Sept d’entre elles sont présentées pour nous montrer une diversité de chemins possibles. Il s’agit bien de chemin car passer du critère de la performance à celui de la robustesse prend du temps pour que toutes les composantes de l’organisation s’en imprègnent.
Il s’agit en effet d’une véritable inversion des choses. Pour l’entreprise qui vise la performance, ce sont les données économiques qui viennent en premier, puis les préoccupations sociales, et celles relatives à l’environnement arrivent en surplus. Au contraire, pour celle qui vise la robustesse, c’est l’ancrage dans les milieux naturels qui est le fondement. La qualité de cet ancrage débouche sur de nouvelles pratiques sociales, privilégiant la sobriété, la collaboration et l’adaptation. Cela crée un système productif pérenne, ainsi économiquement viable sur le long terme.
Les auteurs ne veulent pas donner de recettes ; ils appellent simplement à ouvrir les yeux et à se mettre en route. C’est en s’appuyant sur les richesses de notre environnement et sur nos propres richesses humaines et techniques que nous trouverons des points d’appui pour avancer.
Arnaud Laudenbach