Les deux papes

Lors de cette rencontre, ce dernier teste Jorge Bergoglio venu lui-même demander sa retraite de cardinal. Les deux hommes échangent sur leur vision de la vie de l’Église. Si Benoît XVI a la lucidité de l’état de l’Église repliée dans ses règles, deux regards sur l’Église s’affrontent.

Flashbacks à l’appui, le cardinal de Buenos Aires revient sur son vécu en Argentine, douloureux en raison de sa position vis-à-vis de la dictature, de la perte d’êtres chers, qui l’ont amené à douter. Joseph Ratzinger/Benoît XVI explique quant à lui, que la vie l’a façonné avec ses inhérents hauts et bas, mais qu’il s’est toujours senti irrigué par l’amour du Christ qui procure des forces pour agir. On le voit parcourir un chemin de lucidité sur l’avenir de l’Église, tandis que ses forces diminuent.

Le film aborde la problématique d’une décision spirituelle, que détaille le jésuite Marc Rastoin dans sa critique du téléfilm : comment peut-on engager sa vie sur un signe ? Comment vieillir en portant le poids de ses décisions passées tout en s’ouvrant au futur et à ce qui vient ? Quelle place la prière peut-elle jouer dans une décision, et au fond dans une vie d’homme appelé à décider et à gouverner ? Car il s’agit bien de la rencontre de deux hommes de foi que traite le film. Leurs récits de vocation, leurs parcours de jeune prêtre et leurs profils intellectuels sont profondément différents. Pourtant tous deux s’estiment et croient dans le rôle de la papauté dans l’Église, tout comme dans la force tant de la prière que la confession.

L’importance de ce film est qu’il montre le cheminement de la pensée des deux hommes, puis une transformation de l’un par l’autre et enfin, une décision. « Les deux papes » m’a beaucoup impressionnée par la qualité du scénario, le jeu des deux acteurs principaux et l’humour dont il est émaillé, je le recommande vivement !

Elisabeth Clement