Sciences Po Les Presses, 2023,
108 pages
lu
L’État et le dialogue social
Le petit livre que Martial Foucault et Guy Groux nous donnent, facile à lire, est très instructif pour comprendre comment le dialogue social a évolué depuis un demi-siècle et continue d’évoluer. Les auteurs sont tous deux universitaires, l’un directeur du CEVIPOF, l’autre sociologue et ancien directeur de recherche dans le même organisme.
Durant les 30 glorieuses, l’État, par la loi et par de nombreux rouages, avait un rôle prépondérant dans la régulation sociale. Salaires, temps de travail, contrats de travail, place des syndicats étaient les premiers points d’entrée de l’action publique.
Par touches, le lecteur a une compréhension plus fine de ce qui constitue le dialogue social. Les acteurs sont les chefs d’entreprises, les syndicats, les salariés eux-mêmes qui ont des aspirations plus multiformes que ce qu’expriment parfois les syndicats, les politiques qui, par les parlementaires, définissent le cadre légal, l’appareil de l’État.
Par étape, sous l’influence de facteurs multiples, le centre de gravité du dialogue social s’est déplacé au cœur même des entreprises : exigence de souplesse des entreprises, demande générale d’autonomie des acteurs, emprise croissante des idées libérales. Les auteurs soulignent que cette évolution s’est développée sous des gouvernements tant de gauche que de droite ; c’est dire que c’est une tendance de fond.
À côté de la protection des salariés qui était l’objectif premier du code du travail, celui-ci a évolué pour prendre en compte les impératifs économiques de l’entreprise. Les évolutions du cadre législatif ont ainsi entériné les évolutions du monde économique.
Toujours évoluant dans la même ligne, les nouvelles formes de dialogue social sont rentrées en résonance avec les aspirations de démocratie sociale, qui, comme le dialogue social, est un « objet polymorphe », pour reprendre une formule du livre. Là aussi, se conjuguent rôle des politiques et débat local.
Lire ce livre aide à comprendre quel chemin les syndicats ont parcouru et doivent encore parcourir.
Arnaud Laudenbach