Christian Sauret

D'après le texte original de Françoise Le Corre paru dans la revue Responsables n° 268, juillet-août 1995.

Christian Sauret

D'après le texte original de Françoise Le Corre paru dans la revue Responsables n° 268, juillet-août 1995.

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L’histoire du MCC : une nécessaire conversion de l’imaginaire

Synthèse des travaux d’une équipe nationale de 1995 sous la plume de Françoise Le Corre, ce texte est un magnifique témoignage des questions “existentielles” qui préoccupaient le MCC il y a près de trente ans. Ces travaux, qui ont servi de base à la rédaction de la charte du MCC, gardent leur pertinence aujourd’hui sous réserve de quelques adaptations : nombre de traits significatifs de la société actuelle étaient déjà en émergence dans les années 90.

Dans les équipes jeunes, on sent, vis-à-vis du Mouvement, une attente multiforme qui déborde largement les champs de l’économique, et porte sur toutes les dimensions de la vie, trop peu explorées quand le professionnel concentre à son profit […] la majeure partie du temps et de l’énergie. Attente concernant la foi, sous le double aspect de l’approfondissement et de l’expression de l’éducation et de la célébration… Attente portant sur la vie relationnelle, l’affectif, le culturel, la convivialité, voire les loisirs.

Le constat d’appauvrissement du réel n’est qu’un des aspects de l’affaiblissement du lien social. Comme si la fracture de l’exclusion que personne ne peut plus ignorer, et l’urgence de restaurer le lien social donnaient à voir en même temps la fragilité des inclus et l’appauvrissement humain de l’ensemble de la société […]

À redécouvrir ou à inventer : la place de chacun et son identité, de nouveaux types de relations, de partenariats, d’échanges d’expériences, de collaborations. À inventer de nouvelles prises sur le réel, de nouvelles solidarités, de nouvelles présences. Un «maillage» sans doute extrêmement complexe et divers, adapté à la société complexe qui est la nôtre, et certainement pas une nostalgie du passé ni une
restauration d’anciens modèles.

Le fil de la mémoire

Pour affronter la période qui s’ouvre, nous bénéficions d’atouts non négligeables. Entre autres, celui que j’appellerais volontiers “le fil de la mémoire”, entendant par là cette fois non l’exercice de pratiques sociétales, mais la faculté à se redire entre nous la vocation première du MCC. […]

À partir de là, peuvent se poser, sans inquiétude ni déstabilisation les questions nouvelles : comment organiser et conduire les recherches multiformes des cadres, catégorie de plus en plus large, les différences concernant non seulement les âges et la position hiérarchique mais le type de services rendus ? Comment accueillir ceux qui sont à la marge, et qui, en dehors de réelle appartenance à l’Église, cherchent un approfondissement humain si difficile à fonder dans les conditions actuelles ?

L’audace à inventer se puise dans l’assurance calme et fondée sur ce qu’on est vraiment et ce pour quoi on est rassemblé. C’est une exigence à laquelle le Mouvement n’a jamais manqué et qui lui a permis de traverser pas mal de tempêtes.

La parole des autres

Nous n’avons aucune raison objective de nous méfier de la complexité sans cesse croissante de la société à laquelle nous participons. Nous n’avons pas à nous en protéger. […] Mais nous avons sans doute à opérer une conversion de l’imaginaire. Ou plutôt de nos imaginaires aussi divers que nous le sommes à l’intérieur du Mouvement, toutes générations confondues.

Comment, par quelles analyses, quelles observations, quelles présences, “éprouver” ce monde tel qu’il est et non tel que nous voudrions qu’il soit ? […] Comment substituer à l’image du MCC et de l’Église telles que nous les voudrions, des avancées modestes mais inscrites dans la réalité ? Comment substituer à la parole que nous imaginons décisive et prophétique, le type de parole véritablement attendu aujourd’hui ? Une parmi d’autres. Et faisant place à la parole des autres.

Si nous savons que nous avons à accomplir ce travail intérieur, individuel et collectif, nous savons aussi que nous n’en sommes pas maîtres. Il est celui de l’Esprit qu’ensemble nous implorons.

 

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