Le plein silence

Il la dépouille de ses préjugés protestants contre le fondateur des jésuites et surtout de tout ce qui l’encombre : elle éteint son portable, laisse ses livres, renonce à finir ses manuscrits. Le jeûne opère le reste : il ouvre la soif de la parole vive. Marion Muller-Colard la trouve en méditant la parabole du Père prodigue. Et elle se laisse retourner par Celui qui l’attend. Elle décrit les exercices comme le combat de Jacob avec l’ange. Avec humour, elle dépeint la religieuse qui l’accompagne comme une maîtresse d’art martial et le jésuite qui la supervise comme un vieux sage « aux yeux tournés vers l’intérieur ». Surtout, elle goûte les mots qui nourrissent sa prière et les choses du quotidien qui la font vivre. Elle a retrouvé la source de la vie à laquelle elle avait été initiée par ses enfants… et ses longues études de théologie. Le livre donne vraiment envie de tenter l’expérience pour soi-même.

Bertrand Hériard