Desclée de Brouwer, 2020
225 pages
lu
Quand l’avenir nous échappe
Bernard Perret, essayiste, chercheur de sens à travers ses ouvrages sur l’économie, l’anthropologie sociale, l’écologie, le christianisme, nous partage, dans ce nouveau livre, ses convictions, ses incertitudes, ses craintes, et aussi ses espoirs sur les défis que l’humanité va devoir relever pour affronter la crise climatique et ne pas sombrer dans un chaos environnemental possible.
Pour lui, la crise du Covid-19, tant sanitaire que sociale, nous met en alerte, même s’il n’y a aucune commune mesure entre les deux événements, dans leur ampleur, dans leur temporalité. Mais, comme cela a été le cas pour le coronavirus, le bouleversement environnemental qui se prépare nous surprendra malgré toutes les données scientifiques accumulées, malgré toutes les prévisions et les mises en garde, et générera des comportements individuels et collectifs difficiles à anticiper.
Le titre du livre est clair : l’avenir nous échappe. Il ne suffira pas de verdir la croissance. Bernard Perret appelle à ne pas se laisser enfermer par le piège de la rationalité économique et réfute aussi toutes les formes de cynisme ou de fatalisme.
C’est à la pensée de René Girard et d’autres philosophes qu’il nous invite à nous ressourcer. Nous pouvons accepter de voir l’apocalypse qui se prépare, non pas comme une catastrophe, terme négatif, mais comme une révélation, une métamorphose riche de sens.
Les mécanismes de gouvernance devront changer radicalement, tant par leur échelle géographique où les solidarités élargies s’avéreront indispensables, que par leur échelle de temps : le primat du court terme dans les démocraties devra être remplacé par celui du long terme. Mais il ne s’agira pas de remplacer la démocratie par une tyrannie d’une technocratie de sachants, mais bien de refonder la démocratie, la responsabilité de chacun étant la condition de la survie de tous.
Est-ce que les hommes seront capables de ce renversement des modes de penser et de faire ? Bernard Perret n’est pas naïf, mais il voit que, dans les situations de péril extrême, des sursauts salutaires peuvent prendre le dessus. Pourtant rien n’est joué d’avance. Tous, au-delà des fondamentaux religieux ou non-religieux propres à chacun, nous sommes appelés à une véritable conversion spirituelle, faite de lucidité, d’humilité, de solidarité et aussi d’espérance et de confiance en l’homme.
Arnaud Laudenbach