Les 9 et 10 décembre derniers, le président Biden a organisé une visioconférence avec 120 chefs d’État pour promouvoir l’idée de démocratie et réaffirmer le rôle des États-Unis dans la défense des valeurs universelles qui sont le fondement de la Constitution américaine. L’analyse d’Antoine de Tarlé, ancien dirigeant de médias, auteur de nombreux ouvrages et observateur assidu de la vie politique américaine.
La démarche avait été annoncée par le futur président lors de sa campagne électorale. Elle avait clairement pour objectif de marquer sa différence par rapport au président sortant, Trump qui avait manifesté son indifférence au concept de démocratie et n’avait pas ménagé son soutien à divers autocrates de la planète. Toutefois, cette manifestation bien orchestrée par la Maison Blanche et le département d’État n’a pas rencontré le succès espéré. Elle a eu néanmoins le mérite de susciter un intéressant débat sur la signification même de la démocratie aujourd’hui.
Dès l’annonce de la Conférence, plusieurs critiques ont été émises. On s’est d’abord interrogé sur le choix des invités. Il n’était certes pas question de convier la Chine et la Russie mais plusieurs des pays conviés comme la Pologne, l’ont plus été pour des raisons géopolitiques que pour la qualité démocratique de leurs institutions.
Surtout, de nombreux observateurs américains ont souligné qu’aujourd’hui, les États-Unis n’étaient plus un modèle de pluralisme démocratique. Ils ont rappelé la tentative de Trump de remettre en cause le scrutin présidentiel, l’invasion du Capitole le 6 janvier 2021 et la multiplication de lois modifiant le régime électoral dans une vingtaine d’États à majorité républicaine.
Si Biden souhaitait susciter un grand élan aussi bien dans le monde que dans son pays en faveur des valeurs démocratiques, il a échoué. En revanche, on peut se réjouir que sa démarche a provoqué un salutaire examen de conscience de beaucoup d’Américains sur l’inquiétante dégradation de leurs institutions. Il faut aussi espérer que les échos de ce débat retentissent en Europe qui n’est pas non plus immunisée contre les dérives d’un populisme autoritaire.
Antoine de Tarlé