La question du sens au travail n’est pas nouvelle, mais la pandémie a accéléré des phénomènes anciens : refus des jeunes de travailler pour un système jugé dangereux pour l’environnement, réorientations en milieu de carrière, succès de l’économie sociale et solidaire…
Un statisticien de la Dares (direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques du ministère chargé du Travail) et une socio-économiste de Paris 1 en montrent l’ampleur dans les dernières enquêtes sur les conditions de travail. Le phénomène n’est pas seulement un problème de cols blancs, il est partagé par tous les salariés. Par exemple, l’entrée dans un symptôme dépressif entre 2013 et 2016 concerne 13 % des cadres… et 13 % des employés. Les auteurs explorent la quête de sens dans trois dimensions : l’utilité sociale, la cohérence éthique, et la capacité de développement personnel. Si la crise écologique impose à tous de réorienter nos priorités, la quête d’utilité sociale ne se résigne pas à un management par les chiffres ou ne se contente pas d’une RSE superficielle. Celle de plus de cohérence éthique se manifeste par les initiatives venues d’en bas et d’en haut : les jeunes fuient les grandes organisations – y compris les plus performantes (GAFAM). Même les entreprises « les plus libérées » peinent à y répondre et l’essor des coopératives d’activité et d’emploi (CAE) suscitent bien des controverses. La recherche du développement personnel ne peut se résumer à partir ou rester : dans des encadrés bien choisis, quelques monographies récentes illustrent qu’il est aussi relationnel.
Le livre donne du recul sur des questions qui traversent toutes les organisations collectives, entrepreneuriales, associatives ou syndicales. Sa lecture peut être utile pour mieux ajuster les réponses du MCC.
Bertrand Hériard, aumônier national