Dans un court document émaillé de termes anglais techniques, largement repris dans la presse (« Le Vatican étrille les marchés financiers », Le Monde du 19 mai, « La finance mondiale clouée au pilori par le Vatican », Le Point du 17 mai, etc.), le Vatican plaide pour une régulation éthique de la finance. S’il reconnaît l’accroissement du bien-être économique mondial, il s’attaque aux dérives des marchés financiers et appelle chacun à exercer sa responsabilité personnelle. Extrait.
(…) 5. Si le bien-être économique mondial s’est indubitablement accru au cours de la seconde moitié du XXe siècle, avec une mesure et une rapidité jamais perçues auparavant, il faut cependant noter que, parallèlement, les inégalités se sont amplifiées au sein des différents pays, comme aussi entre les nations. Un grand nombre de personnes continue de vivre dans l’extrême pauvreté.
La récente crise financière aurait pu être l’occasion pour développer une nouvelle économie plus attentive aux principes éthiques et pour une nouvelle régulation de l’activité financière, en éliminant les aspects prédateurs et spéculatifs et en valorisant le service à l’économie réelle. Bien qu’à divers niveaux, de nombreux efforts positifs aient été accomplis, lesquels sont à saluer et à apprécier, aucune réaction, cependant, n’a permis de repenser ces critères obsolètes qui continuent de gouverner le monde. Au contraire, un égoïsme aveugle semble parfois prévaloir, limité au court terme ; faisant fi du bien commun, il exclut de ses horizons la préoccupation non seulement de créer mais aussi de partager la richesse et d’éliminer les inégalités aujourd’hui si aiguës.
6. Ce qui est en jeu, c’est le véritable bien-être de la plupart des hommes et des femmes de notre planète, qui risquent d’être mis de plus en plus en marge, sinon « exclus et rejetés » du progrès et de la prospérité réelle, tandis que certaines minorités exploitent et se réservent les immenses ressources et richesses, dans l’indifférence à la condition du plus grand nombre. L’heure est donc venue de favoriser la reprise de ce qui est authentiquement humain, d’élargir les horizons de l’esprit et du cœur, pour reconnaître loyalement ce qui vient des exigences de la vérité et du bien, ce sans quoi tout système social, politique et économique est destiné, à la longue, à l’échec et à l’implosion. Il est toujours plus clair que l’égoïsme n’est finalement pas payant, mais fait payer à tous un prix trop élevé ; si donc on veut le bien réel de tous, « l’argent doit servir et non pas gouverner ! » (…).
Marie-Hélène Massuelle
Considérations pour un discernement éthique sur certains aspects du système économique et financier actuel (texte intégral)