Proposé par l’Observatoire des inégalités (1), cet atelier permettait, de façon très ludique et animée, de prendre conscience des inégalités et des difficultés de progression que l’on peut rencontrer, selon son âge, sa couleur de peau, son sexe, sa catégorie socio-professionnelle.
Basé sur les règles et les attributs du Monopoly classique, le jeu s’enrichit de cartes évènements qui représentent des situations réelles, et propose de devenir, le temps d’une partie, un personnage aux caractéristiques bien définies. Ainsi, que l’on incarne Aurel, homme blanc de CSP+ possédant deux appartements, Tom, jeune handicapé d’origine asiatique, ou Mohammed, jeune d’origine maghrébine avec un emploi précaire, on lance les dés et on avance sur le plateau, en se confrontant aux diverses situations proposées, toutes inspirées de réalités sociales, économiques, de discrimination ou de progrès… Bien sûr, chacun démarre avec un patrimoine différent et un salaire plus ou moins élevé.
Les discriminations et inégalités se manifestent dans le déroulement du jeu, par le nombre de dés qu’on peut lancer, les quartiers où l’on peut (ou pas) acheter un appartement, l’arrêt systématique en prison pour contrôle d’identité pour certaines catégories, etc.
À chaque table, les parties allaient bon train, avec leur lot de rigolade, d’émulation, de frustration aussi (difficile de voir les personnages des catégories favorisées faire 3 tours de plateau, et donc empocher 3 salaires, quand on avance péniblement avec un seul dé parce qu’on appartient à la plus basse catégorie). Et on n’a pas triché !
Puis, un petit débrief avec les animatrices a permis d’exprimer combien ce jeu met en lumière de façon très concrète des réalités dont on peut être soit ignorant, soit éloigné. Grâce au travail de documentation réalisé par ses concepteurs, il permet d’objectiver et de sortir des préjugés. Une discussion peut s’engager sur les voies possibles pour faire reculer les inégalités. Certaines ne sont sans doute pas de notre ressort (économie, lois et réglementations…), mais en tout cas, changer notre regard sur ces inégalités, sur les personnes qui les subissent et sur nos propres richesses ou facilités, voilà déjà un grand atout de ce jeu prenant !
Isabelle Vela, équipière à Nice
(1) voir l’interview de son directeur, Louis Maurin, Responsables n° 456-Juin 2022