Derrière ce titre accrocheur, le lecteur découvre une véritable « somme » qui aborde dix enjeux majeurs, neuf d’entre eux traitant de notre pays et le dernier proposant un fil rouge pour la gouvernance mondiale. Ce travail considérable a été réalisé, dans le cadre du collège des Bernardins, par un collectif de 21 universitaires, hauts fonctionnaires ou experts, entourés d’un comité scientifique imposant.
Son propos se situe clairement dans le champ politique au sens noble du terme, tout en échappant à la fois aux clivages politiques et au consensus mou. Il est aussi fondé dans la grande tradition des textes du Magistère sur la dignité de tout être humain dans toutes ses composantes.
Les dix sujets abordés couvrent un large spectre, allant de la place due aux plus pauvres dans la démocratie à l’apprentissage de la laïcité, en passant par la recherche de la justice dans les relations de travail. Les groupes de personnes qui ont rédigé chacune de ces parties ont décortiqué leur sujet, mis en relief les idées qui circulent ou les expérimentations qui ont pu être menées, pour déboucher sur des orientations à proposer aux responsables politiques.
Chacun de ces dix groupes devaient mettre au point trois propositions, d’où le sous-titre de l’ouvrage : « 30 propositions pour une société plus juste ». Elles sont rassemblées au début du livre ; à lecture rapide, chacune d’elles semble évidente de bon sens. Mais la lecture de chacun des chapitres fait bien comprendre que ce sont des propositions audacieuses, qu’il faut ruminer et s’approprier et qui ne sont pas écrites pour devenir de simples slogans.
Au final, il s’agit bien d’une « somme » : le lecteur, seul ou en équipe, pourra retravailler tel ou tel chapitre de ce livre de référence certainement durant plusieurs années.
Tout en reconnaissant la richesse de l’ouvrage, on pourra regretter que dans le collectif de rédacteurs, il n’y ait pas eu quelques personnes qui regardent ces sujets vus d’en bas, et pas simplement vus d’en haut.
Ces trente propositions comprises et digérées, le lecteur peut avoir un goût d’inachevé en se disant : « Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? Par quoi commence-t-on ? ». Aux politiques désormais d’exploiter ce travail pour faire de la fraternité une valeur centrale en France et pour rendre la société française plus juste.
Arnaud Laudenbach