Né aux USA en 1904 et d’origine polonaise, Walter Ciszek entre dans la Compagnie de Jésus en 1928 et se porte volontaire pour la mission russe. Ordonné prêtre, il est nommé vicaire dans le village d’Albertyn, à l’est de la Pologne que l’armée rouge envahit en 1939 au moment où les Allemands s’emparent de Varsovie. Il accompagne alors des réfugiés polonais dans les camps de travail au pied de l’Oural.
Arrêté par la police secrète (NKVD) en 1941, il est transféré à la fameuse prison de Loubienka près de Moscou où il passe quatre ans à l’isolement. Il finit par craquer et signer une déposition reconnaissant être un espion du Vatican. Se plaignant devant Dieu d’avoir été abandonné, le père Ciszek retrouve par la prière sa liberté et sa paix intérieures. Les services secrets n’arrivent plus à le manipuler et finissent par l’envoyer en camp de travail forcé en Sibérie. Il y passe quinze ans dans des conditions inhumaines mais se lie aux autres prisonniers et y exerce son ministère en secret : eucharisties clandestines, confessions et mêmes retraites dans la vie ordinaire… Libéré sous condition, il s’occupe des déplacés catholiques dans les villes de Sibérie, déporté lui-même de plus en plus à l’est au fur à mesure que son ministère réussit. Il finit par être échangé en 1963 contre deux espions russes.
Ce témoignage fait preuve d’une grande lucidité et liberté intérieures. La théologie est classique, mais éprouvée par la dure condition des camps, elle prépare le concile Vatican II. Walter Ciszek cherche la volonté de Dieu non plus dans ses rêves missionnaires, mais dans ce qui lui est donné de vivre au quotidien. Le titre américain « He leadeth me » peut être explicité par « Il m’a conduit… sur le chemin des béatitudes », de la pauvreté choisie à la persécution subie. En nous apprenant à dire « Que ta volonté soit faite », le livre peut nourrir tous ceux qui cherchent Dieu dans leur vie quotidienne.
Bertrand Hériard, aumônier national